Il Caffè est un baume au Coeur et à l’Esprit

“Il caffè è il balsamo del cuore e dello spirito.” – Giuseppe Verdi

Je voudrais Ragù avec vous*

Tu as saisis toute la beauté du Ragù. Tu sais maintenant que c’est une mini-oeuvre d’art (designed by Michelangelo).

Donc écoute bien ce que Sand te conseille de boire avec et pourquoi.

Tu ne vas pas en croire tes papilles.

@flonot

PS: Tu l’écoutes sur le Pinard, tu l’ignores sur l’Andouillette. Parce que toi et moi on sait que l’Andouillette C’est La Vie.

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lapinardotheque:

* je m’appelle Emilie jolie, je voudrais Ragù avec vous sur l’air de la comédie musicale, donc.

Quand j’étais jeune -et sotte, note que je le suis toujours un peu- rien ne me réjouissait plus que de manger les spaghettis bolo du vendredi soir. Ne me juge pas, je te parle d’un temps que les moins de vingt ans, tu connais la suite, c’est une époque où le seul vin qui avait inondé mon gosier était le Liebfraumilch. Si ce mot ne t’évoque rien, je t’en conjure ne GOOGLE pas. Crois moi, il vaut mieux laisser cette affreuse… chose dans les profondeurs de l’internet et de quelques caves mal famées. Et allemandes. Je ne te dis pas ça pour le simple bonheur de commettre un suicide social, mais aussi pour te prouver qu’on peut très bien partir de très loin (plus loin que ça j’étais sur la grande muraille) et quand même quelques années plus tard devenir une activiste du Bon, du Beau, et de l’Authentique. Hé ouais. Y a de l’espoir pour toi aussi. Je te sens rasséréné là non? Alors let’s go.

Maintenant JE SAIS. Que le liebfraumilch c’est dégueulasse. Et que les spaghettis bolo n’existent PAS. Si tu veux confirmation, demande à Flo. Regarde, elle t’explique tout très bien.

Tu l’as compris, ma mission c’est de t’aider à trouver LE flacon qui va mettre ton Ragù en valeur. Parce que mettons nous d’accord, quand tu as passé un certain nombre d’heures en cuisine, à suer sans et eau (mais pas dans la marmite hein, c’est pas hygiénique) tu ne voudrais pas tout foutre par terre en y accolant un vin qui ne va pas SUBLIMER** ton plat? Hein? HEIN QUE TU VEUX PAS.

Répète après moi: je veux sublimer mon plat.

Voilà. c’est bien, je te sens au taquet là.

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Il caffè buono si beve al bar.

Approche-toi.

Encore plus près.

Viens, je te dis. Je suis douce. Je voudrais te faire sentir quelque chose.

Attends, je t’attrape par l’oreille. Comme ça tu seras tout proche et je pourrai bien tout t’expliquer correctement.

Voilà. Tu as le nez dedans. Dans cette minuscule tasse fumante aux bords épais – épais parce qu’ils gardent la chaleur – et les effluves du caffè à peine torréfié te montent à la tête.

Tu sens ? Ca sent bon. On laisse forcément s’échapper un mmmhhhh

QU’EST CE QUE TU FAIS ? Reviens ici ! Tu veux… T’ASSEOIR ?!

Non. On reste debout. Élégamment debout. Parce que “Il caffè buono si beve al Bar”. C’est écrit dessus.

Parce qu’ il caffè en Italie se boit debout au bar. On ne boit pas un caffè pour discutailler pendant des heures. Il caffè est un plaisir solitaire, c’est lui et toi, pendant quelques secondes. On prend un caffè parce que c’est bon. Laisse le temps s’arrêter. Et apprécie.

La seule fois où tu as le droit de le boire à table, c’est après le repas dans un restaurant. ET ENCORE. Les ritals le prennent souvent au moment de payer, donc, au Bar. CQFD.

On n’a pas besoin de jouer des coudes, même s’il y a du monde. Pourquoi ? Parce que ce moment là, du caffè, il est sacré pour tous. C’est d’ailleurs un des rares moments de la journée où les Italiens font preuve d’un civisme exemplaire. Et si tu es une fille, une fois sur deux on te l’offre.

On ne gâche pas, jamais, ce moment.

Donc, on s’avance vers le bar, on boit son caffè d’une traite, on échange quelques amabilités ou les derniers résultats du Calcio avec il barista, on sourit à la jolie Italienne (moi, au hasard) – ou au bel Italien (selon) – puis on s’en va.

30 secondes à tout casser. Une institution ritale. Un MONUMENT. La Chapelle Sixtine au fond de ta tasse.

Mais avec toi, on va prendre tout le temps nécessaire pour que tu ne boives plus jamais du café, mais du caffè.

Je t’entends penser : “Mais pourquoi elle ne dit pas Espresso ?

Parce que c’est pareil. Un caffè en Italie, c’est FORCEMENT un espresso. La distinction, on la fait dans les autres pays, quand des génies du marketing ont voulu te faire croire qu’en Italie on buvait de l’espresso et pas du café (?!).

Alors ils t’ont vendu un…”Nespresso”.

Et toi tu es tombé dans le panneau. Tu les as cru. Tu penses faire un café “à l’Italienne” en faisant un “Nespresso”. Ils en ont fait un truc snob. Alors que le caffè, c’est le truc le plus démocratique et populaire en Italie. Même en plein centre de Milan ou de Rome tu peux boire un caffè à 1 euro maximum. Et eux, ils en ont fait un truc élitiste. L’antithèse du caffè.

JE LES HAIS.

Ils ont tué la saveur, ils ont tué l’odeur, ils ont tué l’ame même du caffè.

Je vais te dire : tu sais à quoi ça me fait penser Nespresso ? A une contrefaçon. Tu sais, comme une basket avec 4 bandes, ou un polo avec un crocodile chelou. C’est pas l’original. Et comme souvent, la pale copie en a peut-être la couleur – et encore -, mais pas grand chose d’autre.

Un. Truc. Cloche.

Ouais. Y’a un truc qui cloche.

Je vais brûler George Clooney et plus rien ne clochera, tu verras.

Les Italiens n’ont pas inventé le caffè. Non, c’est vrai. Ni la Pasta d’ailleurs. Mais ils ont mis de la MAGIE dedans. Ils ont pris quelque chose qui existait déjà, et ils l’ont sublimé.

Regarde ça marche pour tout.

Les voitures et les motos ? Sublimées.

Les fringues et les chaussures ? Sublimées.

La bouffe, les glaces, le café ? Sublimés.

Le vin ? Sublimé. (oups)

Etc.

On met de la MAGIE dedans, on est comme ça. Et on fait rêver avec des choses simples. Oui, je sais, on est excessifs et on fait souvent rire avec nos embrouilles aussi, et notre Commedia dell’Arte. Je ne le nie pas. Mais c’est pour équilibrer.

J’aime cet équilibre fou, dingue, schizophrène, hystérique, … entre le magnifique et le lamentable.

Alors, tu vois, quand tu vas venir en Italie, tu vas boire du caffè dans les règles de l’art. Tu ne me fais pas honte en cherchant à le boire comme en France. Et quand George te dira “What Else ?” tu lui répondras “Viens, Giorgio, je vais te montrer LE RESTE…

(LE MEC VIT EN ITALIE EN PLUS !) (Ok, j’arrête).

Je ne parle pas non plus de Starbucks ?

Tu as compris ? Des terroristes du café.

Tu vas découvrir ce qu’est le vrai caffè. Le simple. Le sans chichis. L’authentique.

Peut-être que tu connais déjà d’ailleurs et que tu es un adepte. Celui qui laisse un bon goût – longtemps – dans la bouche. Celui qui a une petite mousse dorée et une odeur entêtante. Celui qui coule bien chaud dans la gorge. Celui qui est si court qu’il se boit en deux gorgées. Celui qui est si fort que ta cuillère pourrait tenir debout toute seule dedans.

Pas l’espèce d’eau sale qu’on te sert à l’étranger. Je dois dire que le café français n’est vraiment pas le pire dans le monde. Mais j’ai déjà terrorisé plusieurs serveurs avec mon “Il est bon ce café ? Vous le faites comment ? Montrez-moi la machine. Vous savez le faire ou pas ? Non mais je veux dire, vraiment ?”. C’est une GROSSE DECEPTION à chaque fois, j’ai laissé tomber.

Mais là, on est au bar, en Italie. Il est 8h du matin. Les quotidiens du jour – enfin, surtout la Gazzetta – passent entre les mains des Italiens, les jeunes, les moins jeunes. D’ailleurs tu notes tout de suite que quand même, ils ont la classe avec leurs lunettes de soleil. Tu te demandes comment c’est possible de si bien les porter (c’est un don de la Nature, je ne vois que ça).

Je pense qu’en Italie, il y a autant de sortes de caffè que de villes. J’en découvre des nouveaux à chaque fois : caffè, ristretto, corretto, macchiato, macchiato freddo, macchiato caldo, marocchino, cappuccino, caffè vetro,… J’en passe. Parce que j’en oublie.

Bon le matin tu as le droit à tout, sauf peut-être au Corretto (café corrigé à la Grappa), mais bon c’est toi qui voit, hein. Généralement, je suis du genre “Pas de violence le matin” donc c’est cappuccino.

Un vrai. Avec la mousse de lait montée si fermement que ça fait comme un oreiller pour le sucre. Tu le regardes tomber doucement et ssshhhhhh… disparaître au fond.

Quelques secondes de MAGIE.

CELA N’A DONC RIEN A VOIR NI DE PRES NI DE LOIN AVEC L’EAU SALE A LA CHANTILLY INDUSTRIELLE ET AU CACAO QUE TU BOIS EN FRANCE.

Mais attention. Après 10h30 et à moins d’être dimanche, je veux voir une ordonnance médicale – qui stipule que tu as le droit – si tu veux commander un cappuccino.

D’où ça sort cette histoire de boire un cappuccino après le déjeuner – ou pire – LE DÎNER ? Non mais tu me vois commander un lait au Nesquick après mon magret de canard ?

Le Cappuccino c’est au petit-déjeuner et BASTA.

Si les Italiens te regardent bizarrement, tu penses que c’est parce que tu es Français et qu’ils n’aiment pas les Français.

C’EST FAUX.

Ils te regardent bizarrement parce que tu bois un cappuccino à 19h, voilà la sombre vérité.

Le reste du temps, si le caffè est trop fort pour toi, je te concède le macchiato. Littéralement ça veut dire “taché”. Taché de lait.

Quand je rentre de France en voiture, je passe la frontière, et je m’arrête sur la première aire d’autoroute que je croise, juste pour boire un caffè.

Et oui, parce qu’en Italie il caffè est délicieux, MÊME SUR L’AUTOROUTE.

Donc, fais-moi plaisir. Si tu veux boire un caffè à l’Italienne chez toi :

Petit a : Tu balances tes capsules suisses par la fenêtre. Ca se saurait si les Suisses savaient faire un caffè.

Petit b : Si tu aimes les machines à espresso tu en prends une VRAIE, une traditionnelle (Illy, Bialetti, Lavazza,…), avec du vrai café moulu pour machines à espresso. Celui qui est torréfié trèèèèès fin. C’est moins cher et c’est meilleur.

Petit c : Tu achètes une MOKA Bialetti. C’est la Ferrari de la cafetière. Ca coûte pratiquement rien et tu la gardes toute ta vie. Tu changes le joint pour quelques centimes 1 fois par an. J’ai la mienne depuis 15 ans. Et tu sais ce qui est merveilleux ? Elle chante. Quand le caffè est prêt. Et plus tu fais du caffè, plus il est bon. Juré.

Petit d : Je ne t’ai pas parlé des cafetières à filtres en papier parce que je ne voudrais pas faire un ulcère à mon age.

On aime tellement le caffè en Italie qu’on attend impatiemment la fin du repas, quand la Mamma arrive a table avec la grande Moka fumante et bourdonnante.

La Dolce Vita, c’est exactement ça.

C’est un peu de beauté et un peu de magie dans les choses les plus simples.

Et pour te le prouver, la photo de ce post, c’est moi qui l’ai prise. Les Ritals te font un petit coeur dans ton macchiato. C’est un sourire en le voyant. Puis c’est bon. Tu n’es jamais déçu.

Tu vas adorer, crois-moi. Alors déguste-le ce caffè, puis, tiens, je te prête même ma Vespa pour parfaire le tableau.

Non je déconne.

:-)

Un bacione !

@flonot

PS : Et pour le faire chez toi, dans la plus authentique tradition italienne, c’est ici

La carbo, la carbo, la carbo-naaaa-ra*.

Grace à @sandlablonde qui répond à mon billet sur la Carbonara, tu vas savoir quelle bonne bouteille de vin déboucher pour que le bonheur soit total.

Un peu comme si elle avait débarqué dans ma cuisine avec le pinard qui va bien.

On aime. Beaucoup.

@flonot

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lapinardotheque:

*sur l’air de “la Passionata” de monsieur Guy Marchand*

Tu as acheté des pâtes, de la pancetta, tu as tes œufs, et du parmesan, tu t’apprêtes à cuisiner LA Carbonara. Maintenant que tu sais comment on en fait UNE VRAIE (si tu ne sais pas, je t’encourage vivement à aller lire ça, en fait non, je t’en intime l’ordre, carrément) il serait dommage que tu ne saches pas quoi boire avec, n’est ce pas ?

Tu as beaucoup de chance, je vais te dire exactement où chercher, quoi déboucher, et surtout POURQUOI. Avoue qu’on ne peut pas rêver mieux. Je sais que quand tu entends « accords mets-vins » tu flippes. C’est normal, je suis passée par là, j’ai flippé avant toi. Parce que dans ta tête (j’insiste, oui, c’est dans TA TÊTE) tu penses que c’est compliqué, réservé à un club d’initiés, de spécialistes, qui doivent avoir des connaissances encyclopédiques… (accessoirement tu les visualises barbus blanchis un peu chiants plein de mots doctes et de formules ésotériques. Ne nie pas, les préjugés sont comme les sangliers, ils ont la peau dure).

Je vais te mettre à l’aise, recta : on décompose le bouzin, tu veux bien ?

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Les Papardelle de Nonno Giulio – Siena

Il n’y a pas de photos.

Parce que c’est un endroit secret. C’est mon endroit secret. Je n’y amène que mes amis les plus chers.

Perdu dans les bois, sur une colline Toscane, à quelques minutes en voiture de Sienne. A Piscialembita. C’est un lieu-dit.

Au beau milieu d’une route escarpée en pleine foret, là où tu peux croiser la nuit des familles entières d’Istrici  – des Porc-Epics (gros comme un sanglier) (mais ça fait encore plus peur) (c’est du vécu) – un petit chemin de terre t’accompagne vers une maison.

On dirait qu’on rentre chez quelqu’un. On pense s’être trompés, même. On ose à peine s’approcher.

Mais non, c’est bien là.

Une vaste maison, les Italiens assis sur la grande terrasse, qui boivent du Brunello ou du Rosso di Montalcino, ou du Chianti, en riant fort et en gesticulant.

Les Italiens – vous pensez – parlent fort.

Essayez-voir les Toscans.

Ils hurlent. Avec leur grosse voix. Tu es dans la région où Dante Alighieri est né, leur accent est bizarre. Ici, on parle l’Italien originel, celui de la Divina Commedia. On s’y croirait vraiment, d’ailleurs. On s’attend à voir débarquer Paolo e Francesca à tous moments (référence).

En France on me reproche de parler fort, je suis une Italienne hein, mais en Toscane j’ai l’impression d’avoir 8 ans et une toute, toute petite voix. Un filet. Genre comme Carlita (non jdéconne ahah).

Ils jurent. Beaucoup. Tout le temps. En se donnant de grandes tapes sur l’épaule. Ils jurent sur le Ciel, sur la Terre, sur Dieu, sur Il Cristo, sur Judas, sur la Madonna, sur tutti i Santi, sans arrêts.

Pour se dire “Ciao !” : Ils jurent.

La première fois j’étais choquée, moi qui ne suis pourtant pas exactement l’exemple parfait en matière de non-utilisation de jurons. Puis chez moi, dans les Pouilles, on ne jure pas. Sacrilège.

Ils boivent et mangent. Beaucoup. C’est gargantuesque. Les repas n’en finissent pas. Ils vouent un culte sans nom à leur charcuterie, à leur vin, à leur viande, à leurs champignons. Même aux pigeons. Oui, on mange du pigeon à Sienne.

C’est MÉDIÉVAL.

Mais au XXIe siècle. Et ils ne le font même pas exprès. Ce sont les spécialistes des repas dans la rue. Pour un oui ou pour un non, Hop ! Ils bouclent tout, montent des kilomètres de tables dans les rues étrusques, et se font passer les assiettes fumantes de Pasta en s’essuyant la bouche avec le bras.

Franchement, j’exagère à peine.

Leur table : c’est un Autel.

Puis ils chantent des chansons paillardes Toscanes… Enfin, ils chantent. Façon de dire.

Mais on n’y mange pas le cheval. Jamais. Pour aucune raison. D’ailleurs on s’insurge et menace bruyamment lorsqu’une pauvre innocente – moi, au hasard – évoquerait simplement l’idée que c’est bon, le cheval. J’en ai fait les frais. On n’en parle pas, on ne l’envisage pas. Je vous parlerai du Palio de Sienne, ça s’explique comme ça.

Si l’Italien est orgueilleux… LE TOSCAN EST L’ORGOGLIO !

Le Toscan est peut-être même bien l’équivalent du Français dans le chauvinisme et le complexe de supériorité. Ah nan, nan, j’exagère, vous êtes bien entendu imbattables sur ce point. ;-)

Alors ici, tu es dans l’Osteria de Nonno Giulio.

Assied-toi, prego.

Là où tu manges typiquement Toscan, voire typiquement Siennois.

Là où tu es immergé dans la foret, pas de bruits aux alentours à parts les sons parfois bizarres des bois. L’été, quand Sienne suffoque sous 35 degrés la nuit, il suffit de parcourir ces quelques kilomètres qui te séparent de la fraîcheur du bois de Nonno Giulio pour respirer.

Tu y es, et il y fait frais.

C’est mon Osteria de prédilection, chaque fois que je retourne en terre Siennoise. Parce qu’on y mange la cuisine de la Mamma, comme à la maison. Parce qu’elle n’est pas encore tout à fait connue des milliards de touristes qui envahissent la Toscane chaque été.

Même si – O désespoir – l’été dernier j’ai vu une famille Dutch y diner, et je me suis dit que c’était le début de la fin. Je me suis roulée par terre en pleurant. J’ai supplié à genoux Nonno Giulio en agrippant son tablier DE NE PAS LAISSER FAIRE CA.

NONNO GIULIO NE PEUT PAS SERVIR DES PAPARDELLE AU SANGLIER A DES HOLLANDAIS. ILS NE COMPRENNENT PAS CE QUE C’EST. ILS NE VOIENT PAS LA DIFFÉRENCE AVEC DES BITTERBALLEN ET DES FRITES.

C’est comme si, je sais pas moi, on servait un Boeuf Kobé à un végétarien. Ou si on mettait de la crème et du paprika dans la Pasta alla Carbonara ! ;-)

Donc allons-y vite avant que toute la Hollande ne débarque avec sa langue trop moche et son Heineken dégueulasse.

(Oui, c’était ma minute “Je déteste les Hollandais”. Ca devait arriver. Mais c’est affectueux, amis des Pays-Bas bonjour !)

Pour commencer, évidemment tu choisis l’antipasto misto Toscano. Une succession de délicieux crostini tartinés avec les différents “caviars” de la région : tomates, olives noires, olives vertes, artichauts..

Accompagnés de leur divine charcuterie Toscane. Prosciutto Crudo e Salame.

Attention, ici je te l’ai dit, tu es dans la région de Dante. Donc la charcuterie, c’est pas pour les mauviettes. C’est bien salé, et bien gras. Dantesque !

Et là, tu ne regardes même pas la carte et tu demandes qu’on t’apporte le meilleur primo piatto de la Toscane toute entière : Les Papardelle al Ragù di Cinghiale.

Demande-le avec une grosse voix. PAPPARDELLE AL CINGHIAAAALE.

Les Toscans chassent eux-mêmes le sanglier. Ca ne déconne pas, je ne sais pas si tu as  déjà vu un sanglier en vrai, mais moi, je le préfère clairement dans mon assiette.

Maintenant que tu sais ce qu’est un vrai ragù, je t’autorise à goûter le ragù di cinghiale. C’est une viande à la saveur forte, mais grâce la douceur de la tomate, c’est juste… mmmh, perfetto !

Les Papardelle sont des pâtes aux œufs, famille de la tagliatella, mais beaucoup plus larges. Les Papardelle, c’est l’ABONDANCE.

Ce plat, c’est il Medio-Evo Italiano dans ton assiette. Tu as envie de taper du poing sur la table tellement c’est bon, c’est rustique, c’est viril. Tu perdrais presque toute notion d’élégance et de savoir-vivre en le mangeant.

Mais tu es en Toscane, alors tu te tiens bien, arrête de te prendre pour Obélix, parce que le Toscan est viril MAIS ÉLÉGANT. Rude MAIS GALANT.

Ah ça, oui, le Toscan est viril. Soupir. Hum.

Ensuite pour le reste du repas, tu peux te laisser aller à choisir toi-même sur la carte ce qui te fait plaisir. Je vais te laisser voler de tes propres ailes. Ne me déçois pas.

Et pour le vin, laisse Nonno Giulio te conseiller.

Aie confiance.

Maintenant que je t’ai confié cet endroit secret, j’espère que tu mesures la chance que tu as :-)

Toute la Toscane te regarde.

Ciao bello.

@flonot

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Nonno Giulio, Sovicille – Località Piscialembita 157, 53018 Sovicille – +39 0577 314152

The most indispensable ingredient of all good home cooking : Love for those you are cooking for.

Sofia Loren

Il Ragù. L’Unico.

Tagliatelle al ragù

Comment te dire.

Je sais que ça va être difficile à entendre. J’ai beaucoup hésité.

Ce n’est peut être pas entièrement de ta faute. Mais il va falloir que je te le dise. Il faudra un peu de temps à t’en remettre. De la force et du courage. Mais tu t’en sortiras parce que je vais t’aider.

Tu sais le plat de pâtes que tu penses être le plat typiquement Italien ? Celui que tous les pseudos-restaurants Italiens te servent en France ? Celui que tu cuisines tout fier, en pensant à tes ancêtres Italiens – on en a tous – qui doivent te couver d’un œil bienveillant ?

Je te vois, là, gonflé d’orgueil quand tu le sers à table en te disant que tu fais honneur à la gastronomie de la Botte. Mais oui, tu sais bien…

… les “Spaghetti Bolognaise”.

Ou pire. Les “Spaghetti Bolo”.

Quand tu cuisines ça, tes ancêtres Italiens te tournent le dos en sanglotant, je te jure.

Je vais donc devoir sévir à nouveau. Mais gentiment cette fois. Je serai douce, c’est promis.

Parce que je me rends bien compte que ce que je vais t’annoncer est une nouvelle aussi retentissante que lorsque tu as appris que le Père-Noel était une invention des capitalistes.

Les “Spaghetti Bolognaise”…

…N’EXISTENT PAS.

Non, non.

Vas-y, je te laisse un peu de temps pour googler les meilleurs sites gastronomiques Italiens, tu ne trouveras aucune trace de tes “Spaghetti Bolo”, fais-moi confiance.

Je sais c’est dur d’être désemparé comme ça. C’est un vrai pilier de ta cuisine qui s’écroule là. Je t’ai déjà dit de balancer par la fenêtre tes lardons en plastique et d’enterrer ta crème fraîche, et maintenant je te dis de ranger tes spaghetti… c’est cruel.

Je te vois penser, un sourcil levé, que pourtant, le Clochard, bah il séduit la Belle grâce à des “spaghetti bolo”.

Oui mais non.

Et dire que tu avais presque compris comment cuire ta pasta al dente

Bon.

Si tu es prêt à entendre la vérité, si tu promets d’être patient et de mettre en œuvre tous les efforts nécessaires, je te garantis que ta vie va changer là-dessus. Tu vas goûter le plat originel, celui qui, de la Sicilia jusqu’au Trentino met tous les Ritals d’accord. Et en plus, je te laisserai être un peu créatif.

C’est pas beau, ça.

Oui parce qu’il y a une origine aux “Spaghetti Bolo” :

Le Ragù alla Bolognese (n’oublie pas l’accent sur le “ù”, hein).

Le rubis Italien. La meilleure manière possible de faire honneur à ce légume (fruit ?) que toute l’Italie vénère : Il Pomodoro (la tomate). Du rubis, je te dis.

Ici aussi je ne m’explique pas comment on est passé de ce plat si savoureux, qui chante l’Italie, a cette sorte de plat de nouilles à la viande hachée et aux tomates pas cuites.

J’ai cessé d’essayer de comprendre, ça me colle la migraine.

Le Ragù alla Bolognese, c’est donc la sauce. Comme son nom l’indique, ça vient de Bologne, en Emilie-Romagne.

Le coeur de la gastronomie Italienne. Et toi, tu vas le faire battre.

Tu ne peux pas la servir avec des spaghetti. Tu ne peux juste pas. C’est interdit. C’est comme ça.

Elle se sert avec des Tagliatelle, des Papardelle, ou des pâtes courtes comme les Mezze-Maniche, les Penne Rigate,… Mes préférées : les Tortiglioni ! Siiiiii… Mammamia que c’est bon !

Attention, on va monter de plusieurs niveaux d’un coup par rapport à la Carbonara.

Il faut des années d’expérience pour réussir parfaitement un Ragù. Il faut de la patience. Mais un jour le Ragù te le rendra au quintuple.

D’ailleurs c’est un des plats que seule la Mamma sait faire mieux que tout le monde. Les Italiens ne plaisantent pas avec le Ragù. Je pense même que c’est le sujet de dispute conjugale le plus répandu en Italie : “Celui de ma mère est meilleur que le tien, Dio Bono !

Bon ils ont tout faux, c’est bien entendu ma mère Giovanna qui fait le meilleur ragù alla bolognese de la Terre. C’est sans aucun doute le plat de pâtes le plus représentatif en Italie. Et tu sais pourquoi ? Parce qu’on le fait tous avec amore. Parce qu’on se sent porté par la grandeur de l’Italie toute entière quand on soulève le couvercle et qu’on voit ce magnifique Sugo rouge-orangé mijoter doucement et calmement. Parce que tout le monde aime. Parce qu’en Italie, toutes les cuisines sentent bon le Ragù.

Et bientôt dans ta propre cuisine. Alors, c’est parti.

Les ingrédients :

Petit a : Des tomates. Celles-ci. Des BELLES tomates. Bien rouges.

Alors, si tu n’as pas une Mamma qui durant l’été en ramène 100kg d’Italie pour ensuite les préparer avec passion et en faire des conserves (et ici, les Franco-Italiens savent de quoi je parle… on s’est tous cassé le bras à mouliner des tomates en Septembre), et bien, tu peux prendre des tomates pelées ENTIÈRES en conserve. Pas n’importe lesquelles. En France, les conserves Mutti peuvent faire l’affaire. Il va falloir les essayer et trouver tes préférées.

Petit b : Du concentré de tomate.

Petit c : De la viande hachée 100% pur boeuf.

Petit d : De la viande de porc. Moi j’aime bien la saucisse, mais il ne faut pas qu’elle soit aromatisée. Nature.

Petit e : Un oignon. UN SEUL.

Petit f : Du céleri. CHUT ! Je ne veux rien entendre, tu notes.

Petit g : Une carotte.

Petit h : Du sel, du poivre, du laurier, de l’Huile d’Olive extra vierge, du vin rouge, du Parmigiano Reggiano

Petit i : La Pasta. Allez, on prend tous son paquet de Tagliatelle Barilla (ou Voiello, pour les faillots) et on y va.

Il te faut minimum 1 heure devant toi. Le Ragù, ça se prépare avec beaucoup de patience, pour que tous les ingrédients puissent s’exprimer dans un concert harmonieux. Ouais, la recette est longue. Mais c’est un marathon de joie.

Seuls les vrais arrivent au bout. Mais après ce que tu as pris avec la Carbonara, je sais maintenant que tu es un vrai, toi.

Carotte, céleri, oignon. Tu coupes tout ça en petits cubes très petits, ça cuit mieux.

Tu prends une casserole et tu fais chauffer l’Huile d’Olive. Quand l’huile est bien chaude, tu mets les légumes et tu fais les fais bien cuire. Avec le laurier. Pour parfumer. A feu moyen.

Bon tu remues hein, on veut pas que ça brûle. Quand tu vois que c’est bien cuit, tu fais saisir la viande et la saucisse (que tu auras émiettée avant).

La viande doit presque devenir croustillante, donc surtout tu fais bien évaporer toute l’eau. SANS FAIRE BRÛLER. Tu remues (avec une cuillère en bois s’il te plait, j’ai la colonne vertébrale qui se raidit quand j’entends crisser ta fourchette contre la casserole, brrr)

Une fois que tout ça, ça sent bon, et qu’il n’y a plus d’eau, tu verses un peu de vin rouge et tu laisses évaporer tout ça joyeusement. Tiens, télécharge Volare de Domenico Modugno, ça fera plaisir à ton Ragù.

Une fois que tu ne voies plus de traces ni d’eau, ni de vin, tu mets une cuillère à café (ou deux, selon) de concentré de tomates. Juste ce qu’il faut pour bien aromatiser la viande et les légumes.

Puis ton pot de tomates (que tu auras bien mixé avant, faut vraiment que je te dise tout ?!).

Pas trop de tomates je t’en prie. Il faut juste COLORER la sauce. Ne pas noyer la pasta. Non. Jamais. Pour aucune raison.

CE N’EST PAS UNE SOUPE ! (Je t’ai pratiqué, BoloTroll, tu le sais.)

Tu laisses mijoter tout ça pendant une quarantaine de minutes… Ca va faire ploc-ploc et si tout va bien, et ta sauce prendra une magnifique couleur rouge-orangé, ni trop liquide, ni trop épaisse.

Tu remues de temps en temps. Tu surveilles. Comme un bébé.

Tu goûtes.

Oui cette fois je te laisse goûter, j’avais dit que je serai douce. Et tu ajustes de sel et de poivre.

Allez, là c’est facile tu connais la suite. Tu prends une grande casserole et tu mets l’eau à bouillir. Tiens, je te donne même les proportions exactes : 1/10/100. 1 litre d’eau pour 10 grammes de sel pour 100 grammes de Pasta. Avec ça si tu te plantes, franchement, laisse tomber, déménage en Italie et viens manger chez moi, ce sera encore plus simple.

Évidemment, cette fois-ci, tu ne t’es pas laissé avoir et tu as du gros sel (eheh).

Évidemment, tu ne mets toujours pas d’huile dans l’eau. Jamais, en fait.

Tu fais tout bien comme on a dit, tu remues tes tagliatelle de temps en temps et tu retires une minute au temps indiqué sur la boite. Si tu vois que ta sauce a trop réduit, ça marche aussi ici, hop ! Une petite lichette d’eau des pâtes dans la sauce.

Je me laisserais presque amadouer en te laissant goûter.

Mais j’ai peur que tu jettes ta tagliatelle contre le carrelage de ta cuisine. Je sais qu’on t’a dit de le faire. Cette personne te voulait du mal, vraiment. A toi, et à moi, et aux Italiens.

Il faut les dorloter tes tagliatelle.

Tu en prends une ou deux, 1m30 avant la fin de la cuisson.

Tu la touches. Elle doit être soyeuse.

Tu souffles doucement. Tu la regardes. Tu vois comme elle brille comme de l’Or ?

Tu la goûtes. C’est tellement bon que tu pourrais les manger comme ça, sans rien. Elle est al dente si elle résiste un peu sous la dent.

Je sais… Il te faut encore quelques essais.

Mais tu es sur la bonne voie, ne te décourage pas.

Tu égouttes tes tagliatelle et tu les remets immédiatement dans la casserole.

Et là, juste pour les colorer, tu prends une louche de sauce et tu la verses dans les pâtes. Tu remues pour que tes tagliatelle s’imprègnent bien.

AVEC UNE PINCE, tu les saisis et tu les déposes dans tes assiettes, et tu rajoutes de la sauce sur chacune d’entre elles.

Et pour terminer le chef d’œuvre, une bonne poignée de parmesan fraîchement râpé, comme ferait la Mamma, avec la main, un petit tourbillon de fromage qui se pose délicatement sur tes tagliatelle.

Je suis douce mais je ne suis jamais bien loin à te menacer de ma fourchette.

Regarde. Ca fond.

Là.

Là, tes ancêtres te regardent avec fierté.

Tu devrais voir le Colosseo dedans. Ou le Duomo de Firenze. Ou les Volcans de Sicile. Ou les ruelles de Parme et de Bologne. Ou les grands lacs Italiens. Ou les falaises du Gargano. Ou les collines Toscanes. Ou…

… Ca y est ! Tu es dans un film de Ettore Scola.

Tu as mis une serviette autour de ton cou, dans ton verre il y a ce bon conseil de Sand, et tu tournes tes tagliatelle le nez dans l’assiette.

Ca fait du bien ?

;-)

Mais de rien !

@flonot

You may have the universe if I may have Italy

Avrai tu l’universo, resti l’Italia a me.”Giuseppe Verdi

The Carbonara Club

Photo par @pelochephoto

Photo par @pelochephoto

 

Je me sens investie d’une mission particulière.

La sauvegarde du patrimoine gastronomique Italien en France.

Rien que ça.

C’est à dire que lorsqu’on aime la cuisine Italienne, parce qu’elle est simple, authentique, pleine d’amour, il y a de quoi vouloir commettre des meurtres lorsqu’on voit comme tu la massacres méthodiquement.

Oui, toi là. Je te vois, prêt à dégainer ton pot de crème fraiche pour faire ta soi-disant «Carbo». La seule raison pour laquelle tu es encore en vie, c’est parce que c’est illégal que je te tue.

Déjà, tu cesses immédiatement de l’appeler «Carbo», ça nous énerve (moi, et l’Italie).

C’est «Carbonara», et tu le dis en chantant, parce que ce plat vient de Roma et il vaut bien que tu lui chantes une sérénade, un genou à terre. Et pour lui demander pardon, aussi.

Je ne sais pas par quel infâme mystère ce plat absolument fabuleux est devenu dans tes mains une espèce de bouillie de lardons revenue dans la crème. Oui, oui. Souviens-toi, étudiant, c’était ton plat préféré parce que soi-disant c’était «facile».

Hop, mes lardons Leader Price dans une main, ma crème UHT dans l’autre, je tambouille tout ça, lilalilalou, ET VOILA BIM BAM BOUM, j’ai fait une «Carbo».

Je vais t’étrangler de mes mains, tu m’entends ?

Mais où en Italie as-tu mangé ça? Dis-le moi que je porte plainte et c’est la prison ferme assurée !

Tu insultes des générations de mammas romaines en faisant ça. Tu arrêtes tout de suite. Et tu vas bien lire ce qui va suivre, parce que je vais te donner la seule et unique recette de la Pasta alla Carbonara. Tu aimes la Carbonara ? Moi aussi. Je pourrais en manger sous 40 degrés. Alors tu vas arrêter de me faire de la peine, parce que tu me brises le cœur à chaque fois que tu tentes de la cuisiner.

Donc ce sera direct, unilatéral et totalitaire. Et ensuite je te surveillerai. Chaque fois que tu voudras déroger à cette façon de faire, tu prendras un coup de mon rouleau à pâtisserie sur la tête, et ta descendance sera maudite sur 5 générations. Chiaro ?

Alors déjà, les ingrédients. Écoute bien.

Petit a : 1 œuf par personne + 1 œuf pour le plat. C’est comme ça qu’on fait. Donc si vous êtes 2, tu mets 3 œufs. Si vous êtes 4, tu mets 5 œufs. Capito ?

Petit b : tu balances par la fenêtre tes lardons en plastique, et tu prends exclusivement de la pancetta (arrotolota ou affumicata). De la vraie. Si tu veux épater la galerie, tu vas chez ton traiteur et tu demandes du guanciale, c’est ce qu’utilisent les Romains. C’est de la joue de cochon. C’est délicieux.

Petit c : du parmigiano reggiano, autant que ça te fait plaisir. Si tu es adepte et si tu en trouves, du pecorino romano. Si tu veux, tu peux EVENTUELLEMENT prendre du grana padano. Mais c’est bien parce que tu ne vis pas à Rome, je sais être conciliante.

Petit d : Du sel, du poivre, de l’huile d’olive. Tu peux mettre un peu d’ail. Je n’approuve pas mais je veux te laisser une marge de manœuvre. Pour ta créativité. Mais c’est la seule que je te concède.

Petit e : La pasta. En France, tu prends des pâtes rigoureusement italiennes, comme Barilla, De Cecco ou encore mieux, Voiello. Je ne t’autorise rien d’autre. Tu les choisis longues de préférence, parce que la mamma romaine les choisit longues pour la carbonara et toi, tu respectes cette tradition ancestrale. Donc spaghetti (n.5) – les plus typiques, tagliatelle, lasagnette, etc.

Et attention ouvre bien tes yeux : C’EST TOUT.

J’ai dit c’est tout ! Le reste, tu oublies.

Pas de crème, pas de tomates (??!), pas d’oignons, pas de persil.

ET NI OLIVES NI QUENELLES.

Pas de discussion non plus.

Parce que je te vois venir. Toi, tu es le champion des « Carbonara Troll ». Tu vas me dire «Mais les pâtes vont coller… Mais les pâtes seront sèches… Mais il n’y aura pas de sauce…». Mais tais-toi, tais-toi, pour l’amour du ciel Italien, tais-toi! (A tout jamais!)

Tu prends une grande casserole, et tu mets un grand volume d’eau dedans.

STOP! Tu ne sales pas tout de suite! (je te connais espèce de troll)

Tu mets un grand volume d’eau parce que la pasta, elle a besoin de tourbillonner dans l’eau, elle veut de la place pour danser. Tu aimes aller sur un dance floor plein à craquer où tu ne peux même pas bouger? Non? Et bien la pasta, c’est pareil. Elle a la couleur de l’or, ce n’est pas pour rien. Elle est précieuse, alors tu la combles de bonheur en lui laissant de la place pour qu’elle s’amuse. Tu couvres et tu attends que l’eau bouille.

Pendant ce temps, dans un bol tu casses les œufs et tu sépares le blanc des jaunes. Dans la carbonara, tu ne mets que le jaune. Le blanc, tu le mets au frigo et tu feras des meringues avec. Dans les jaunes tu mets un peu de sel, un peu de poivre. Puis tu mets ton parmesan râpé. Fraichement. Tu ne penses surtout pas à feinter en mettant un sachet industriel de parmesan déjà râpé, fais gaffe, je suis derrière toi prête à te planter une fourchette dans la clavicule

Si tu as un batteur électrique, c’est bien parce que ça va vite et les œufs seront bien crémeux. Sinon avec ta petite main, tu vas battre longtemps, continuellement, et énergiquement. Je te regarde, n’oublie pas. Une fois que tes œufs+parmesan sont bien crémeux, ça devrait même faire une petite mousse, tu peux arrêter.

Ensuite –ou en même temps en réalité– dans une petite casserole, une poêle, ce que tu veux, tu fais revenir dans de l’huile d’olive ta pancetta que tu auras préalablement tranchée grossièrement. Tu peux mettre un peu de poivre si tu aimes que ce soit plus relevé. D’ailleurs le nom « carbonara » vient précisément de la couleur du poivre dans la recette, qui rappelle celle du charbon – carbone. A Rome on servait ce plat copieux et nourrissant pour aider les mineurs à résister. Il parait, quoi.

Puis tu fais dorer.

DORER.

Comme ça la pancetta sera assortie à tes pâtes en OR.

Une fois que ta pancetta est DORÉE, tu retires du feu et tu réserves.

Pendant ce temps-là, ta-daaaa, l’eau s’est mise à bouillir. Alors tu mets du gros sel. Si tu n’as pas de gros sel, tu laisses tomber et tu te cuisines autre chose. Donc tu mets une grosse poignée de gros sel, et tu mets tes pâtes.

TU NE METS PAS D’HUILE DANS L’EAU DES PÂTES, MALHEUREUX.

L’eau doit toujours bouillir, attention ! Tu les surveilles d’un œil, et de temps en temps, tu les remues pour les voir frétiller de joie.

Pour la quantité de pâtes, il faut 100-120g max par personne. Tu arrêtes de verser la moitié du paquet si tu es tout seul, nom de Dieu. C’est NORMAL que tes pâtes soient sèches si tu fais ça. Pour les lasagnette par exemple, puisque ce sont mes préférées, tu mets 6-7 nids par personne.

Tes pâtes doivent être al dente.

Tu ne sais pas faire les pâtes al dente. Je sais que tu penses que oui. Mais non.

Je le sais, je te connais petit troll.

Alors je te donne un truc. Tu retires une minute au temps de cuisson indiqué sur la boite. Exemple: les lasagnette, c’est 6 minutes. Une fois que tu as mis les pâtes, MONTRE EN MAIN, tu déclenches le chrono et à 5 minutes tu égouttes. Les pâtes continueront de cuire dans leur vapeur, et leur chaleur. Tu ne laisses pas les pâtes dans l’égouttoir pendant des plombes et tu les mets quasi-immédiatement dans ton saladier avec les œufs+parmesan et tu remues délicatement.

Si je te faisais confiance je te dirais de les goûter avant de les égoutter.

Mais je ne te fais pas confiance.

Alors prends ton chrono. Tu ne réussiras pas du premier coup, toi et moi, on le sait. Mais bientôt, petit padawan de la carbonara, tu réussiras à cuire tes lasagnette et tes spaghetti al dente

Je te donne un autre truc pour être certain que tes œufs+parmesan soient bien crémeux. Pendant que tes pâtes cuisent, tu peux mettre une ou deux cuillères à soupe de l’eau des pâtes dans tes œufs+parmesan. Et tu remues. Mmmh.

Une fois que tu as mis tes lasagnette dans tes oeufs+parmesan, tu mets ta pancetta par-dessus tout ça et tu mélanges. Délicatement j’ai dit!

Tu verses tout ça dans tes jolies assiettes CREUSES, et si tu adores le parmesan comme moi, tu peux même en rajouter un peu frais dessus.

Tu es incapable de faire comme la photo ci-dessus, alors laisse tomber, FAIS SIMPLE.

C’est la recette la plus simple du monde.

Mais tu n’as jamais mangé de pasta alla carbonara si tu la fais différemment.

C’est délicieux, tout le monde aime, c’est un cadeau que l’Italie et Rome ont généreusement fait à l’Humanité

Alors quand tu la sers, tu fais une petite histoire autour. Comme les Italiens. Tu dis que tu as choisi la meilleure pancetta de tout le quartier. Que c’est une vieille mamma italienne qui t’a confié la recette sur son lit de mort. Que tes spaghetti ont dansé sur Lucio Dalla pendant qu’ils tourbillonnaient dans l’eau bouillante.

Alors. Arrête le massacre. Pitié. Diffuse la bonne parole. Deviens ambassadeur du Carbonara Club. Redonnons ensemble à ce plat ses couleurs romaines.

Je compte sur toi. Je veux voir tes photos sur Twitter.

Je serai sans merci.

Un bacione!

@flonot

The Creator made Italy from designs by Michelangelo

Mark Twain

Antica Birraria La Corte – Venezia

Campo San Polo, 2168  – 30125 Venezia – +39 041 2750570

Birraria - La cour

DISCLAIMER : Attention, vous ne mangerez pas ici la meilleure pizza de votre vie. Mais cette « Birraria » à sa place dans mon guide perso, parce que c’est une des rares adresses à Venise où 1) on mange convenablement à un prix raisonnable 2) on évite les hordes de touristes 3) Des Vénitiens eux-memes m’y ont envoyée. J’aurai l’occasion de vous expliquer qu’est ce qui fait une excellente pizza, et de vous envoyer dans les meilleures Pizzerie italiennes… Patience !

Je suis tombée sur cette Birraria il y a longtemps, très longtemps, presque 10 ans, la première fois que je suis allée à Venise. Alors oui, Venise est magique, Venise est féérique, Venise est somptueuse, Venise n’a d’égal qu’elle-meme. C’est aussi pour ça que vous lui pardonnerez son coté Eurodisney et le fait que bien y manger soit un parcours du combattant, une chasse au trésor.

J’ai une astuce quand je ne connais pas une ville en Italie et que je veux bien manger. Je rentre dans un magasin, j’achète une babiole, je sympathise avec le vendeur (d’ailleurs plus ils sont vieux, mieux c’est) et je lui dis « Ecoute je suis une touriste, mais j’aimerais vraiment bien manger ce soir, tu connais un endroit où je mange local et où j’évite un peu les touristes ? » – ça marche à tous les coups, parce que les Italiens sont sympas et sont les premiers ravis de vous faire partager leurs bonnes adresses. Evidemment le fait de parler italien aide beaucoup. Si vous ne parlez pas italien commencez par les flatter, c’est une feinte qui marche bien aussi (et le corbeau lachera le fromage, croyez-moi).

Bref, cette Birraria, elle est chouette. Déjà parce qu’elle est dans le centre de Venise, mais au bout d’un labyrinthe de petites rues où vous ne vous seriez probablement jamais aventurés. Puis tout au bout, une belle place, avec des beaux arbres, et une jolie terrasse pour apprécier les bonnes pizzas. Si vous allez à Venise en hiver – pendant le Carnaval par exemple et au hasard – la Birraria est très grande et très agréable.

Je me souviens avoir choisi la Pizza « Rucola e Pesto di Cavallo » – Roquette et Tartare cru de cheval… Oui, je sais. Mais c’était très bon.

J’ai envoyé absolument tous mes amis là-bas, jamais déçus. Vous y mangerez bien, alors n’hésitez pas !

@flonot

No man is lonely eating spaghetti.
It requires too much attention.

Gelateria dei Neri – Florence

Via dei Neri, 22 – 50122 Firenze

Avant de vous parler de cette Gelateria, quelques mots pour reconnaître une vraie “Glace à l’Italienne” qui n’est pas – vous imaginez bien – l’espèce de glace au lait glacé tourbillonnante qu’on vous sert en France.

Souvenez-vous toujours, en Italie, si c’est bon, c’est que c’est simple.

Alors une glace à l’Italienne, c’est tout simplement une glace faite artisanalement, avec des matières premières de qualité. Donc des fruits frais, des vraies noisettes, et du vrai chocolat. Elle contient peu d’air (<35% vs 70% pour les glaces industrielles) donc elle est RICHE.

Et surtout, attention roulement de tambours, elle est faite SUR PLACE, SOUS VOS YEUX. Les gelati sont bons quasiment partout en Italie, ce qui fait la différence entre une excellente gelateria et une autre, c’est vraiment le choix des matières premières. Donc ouvrez les yeux, et regardez par-dessus le comptoir si on voit l’atelier artisanal derrière. Sinon vous pouvez partir. Une vraie gelateria à l’Italienne, c’est aussi celle où vous décou de la crème chantilly ar-ti-sa-na-le. Vous n’en reviendrez pas.

Un autre indice pour ne pas se tromper : une glace artisanale n’est pas parfaite. Donc éloignez vous de ce qui semble trop beau pour etre vrai. Enfoncez-vous dans les petites rues, arretez vous devant celle qui ne paye pas de mine mais qui sera une explosion de bonheur à l’Italienne.

Allez un dernier indice pour la route : en Italie, les glaces sont faites “A la palette”, exit les “boules” de glace.

Des adresses de “Gelateria” j’en ai des milliers dans ma tete. Quand on me dit “Tiens je vais là en Italie” ma première réaction c’est “Oh la la il faut absolument que tu ailles manger une glace dans cette gelateria, là derrière la place !” – Ca marche à tous les coups.

A Florence, la “Gelateria dei Neri” a retenu mon attention car non seulement la glace y est parfaite – parfaite – mais en plus ils font des “Granita” artisanales absolument délicieuses. Une granita, ce n’est pas du glaçon pilé avec du sirop. Une granita, ce sont des glaçons pilés si finement et si doucement qu’on dirait de la crème. A chaque fois surprenant.

Une granita, c’est présenté dans un bac, juste à coté des gelati, pas dans une machine qui tourne toute la journée. Et ici encore, elle doit être fabriquée avec des matières premières fraîches.

Allez-y, vous n’en reviendrez pas. En plus vous pouvez même composer la votre avec plusieurs goûts. Ma préférée, la granita au citron et au pamplemousse.

Allez-y je vous dis !

@flonot

Everything you see I owe to pasta.

Sofia Loren

D’ABORD, quelques explications

J’arpente l’Italie en long en large et en travers depuis que je suis toute petite. J’ai vécu pendant 2 ans en Toscane il y a quelques années. Je vis à Parme depuis un an, et j’ai vécu aussi à Milan. Je suis loin de la connaitre parfaitement – et tant mieux – mais j’ai dans mes portefeuilles des dizaines de billets de restaurants que j’ai gardé “au cas où…”.

“Au cas où” est devenu en fait un guide personnel de mes restaurants préférés en Italie. Des restaurants où non seulement on mange de la vraie bonne cuisine italienne, mais où on y est servis par tout ce que la Dolce Vita fait de meilleur : convivialité, chaleur, sympathie des serveurs, prix abordables, abondance.

Alors étant donné que depuis des années, mes amis, les amis de mes amis, les amis des amis de mes amis (je continue ?) me sollicitent pour des conseils persos type “Je vais en Toscane, tu connais des bon restos ?” et puisqu’un jour ils ont tous répondu un grand “Sérieusement, Oui.” lorsqu’en riant j’ai dit “Je vais faire un tumblr.”, le voici, le guide très personnel de mes trouvailles culinaires en Italie. Special for frenchies.

Alors forcément, c’est très subjectif. Mais depuis des années que je conseille des restaurants/trattoria/pizzeria/osteria/bars à mes amis, il n’y a jamais eu de réclamations. Je ne vais que dans des endroits où les italiens m’emmènent. Grand gage de qualité. Je suis intransigeante sur l’espresso, et frise l’intégrisme quand il s’agit de charcuterie.

Il y aura surtout des adresses de Rome, Sienne, Venise, Parme, Milan,… mais j’espère bien pouvoir compléter au fur et à mesure.

Après on me redira que je ne fais rien pour la survie de l’amitié franco-italienne. Ben voyons.

Divertitevi !

@flonot