Mozzarella. La Principessa.

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« Quand tu viendras à Milan, je t’emmènerai au Mozzarella Bar, tu verras c’est merveilleux ! »

Je me souviens encore ce que m’a répondu mon amie française.
Une très bonne amie en plus, que je connais depuis longtemps, et jamais en reste pour ce qui est de bien manger. Le genre d’amie qui te fait plaisir quand tu vas au restaurant, qui, comme toi, s’extasie d’un rien, a envie de goûter dans les assiettes de tout le monde, et surtout tient à découvrir les us et coutumes locaux en termes de gastronomie. D’autant plus qu’elle me fait confiance et me laisse choisir pour elle les yeux fermés tout ce qu’elle doit goûter sur la carte italienne. Autant te dire qu’elle, l’Italie, et moi, ce sont chaque fois de grands moments de bonheur gustatif que nous vivons. L’organisation de nos weekends commence toujours par « Bon, qu’est-ce qu’on mange, là-bas ?« .

Vraiment, une bonne amie.

« Comment ça un « mozzarella » bar, mais un bar à mozzarella, y’en a plusieurs de mozzarella ? Mais pourquoi faire, ça n’a pas de goût la mozza ! »

Je ne sais pas si tu te rends bien compte, mais ça m’a tellement scié les jambes que j’ai failli pleurer.

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Tutta l’Italia Che Ho.

« Floriana, tu es française ou italienne ? »

Une fois par jour au moins, c’est la posologie. C’est vrai, après tout, je suis née en France, j’ai un prénom on ne peut plus italien, je vis en Italie, j’ai un caractère un peu méditerranéen. Un peu.

« Je suis franco-italienne. Enfin je suis née en France. Donc techniquement je suis française sur le papier. Et dans le cœur aussi évidemment. Mais je suis d’origine Italienne. Enfin je suis la 1ère génération de français dans ma famille. Donc j’ai l’Italie dans le cœur et les veines. Bref je suis franco-italienne. »

Que celui qui n’a jamais souhaité cultiver sa différence me jette la première pizza.

Et là, la question impossible à esquiver. Je ne peux pas la contourner, les gens le sentent.

« Mais tu te sens plus italienne ou française ? Non, mais je veux dire… Par exemple, tu supportes qui si y’a Italie-France ? »

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Moka. Buongiorno Italia.

Shkrshhskrhhkrrffff

La symphonie de la moka. Un petit opéra le matin, Giuseppe Verdi dans ta tasse, la petite fumée qui embaume la cuisine, et les notes qui coulent dans la tazzina.

Ou après le déjeuner, quand repus après un grand chelem à l’italienne, tu vois arriver la majestueuse moka, celle qui a vu naître tout le monde dans la famille, de tes grands-parents jusqu’au petit dernier. Elle est là.

Triomphante mais discrète.

Elle a le succès humble cette moka, comme l’Italie.

L’odeur entêtante, comme une mélodie dont tu n’arrives pas à te passer. Obsédante. Sa silhouette trapue en fer, élégante, cette cafetière si italienne, tellement italienne. Ce petit monument dans toutes, toutes les maisons italiennes, en Italie et à l’étranger.

L’aria di casa. Lire la suite

Roma. Innamorata.

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Quand Floriana m’a dit qu’elle aurait aimé que j’écrive sur Rome, j’ai longtemps hésité parce que son site parle de cuisine et je ne suis pas une spécialiste et je n’ai même pas une flopée d’adresse de restaurants à partager. Puis je me suis rendue compte que son site parle avant tout d’amour et de passion et ça, je sais faire. Après tout, c’est grâce à l’amour que je vis depuis 2 ans dans la città eterna.

Je n’ai jamais pensé qu’un jour j’aurais habité Rome. En 2010, j’avais bien cette folle idée de partir vivre en Italie mais mes premiers choix étaient Naples ou Turin et je savais que pour l’une comme pour l’autre, ces villes ne pourraient m’apporter ce que j’attendais : trop peu de travail à Naples et trop de gris dans le ciel à Turin.

Et puis ce projet était une sorte de rêve, Lire la suite

Non devi odiare il sole
Perché tu non puoi vederlo,
Ma c’è
Ora splende… su di noi,
su di noi.

Adriano Celentano – Pregherò (1962)

Antonietta : « – E mo’ p…

Antonietta : « – E mo’ perchè ridete? »
Gabriele : « – Perchè la vita è fatta di tanti momenti diversi, e ogni tanto arriva anche il momento di ridere, così all’improvviso, come uno starnuto… a lei non capita mai? »

Una Giornata Particolare – Ettore Scola

« Qui si fa l’Italia o s…

« Qui si fa l’Italia o si muore ! »

Ici, nous ferons l’Italie ou nous mourrons – Giuseppe Garibaldi (Battaglia di Calatafimi, 1860)

Parma… Oh Mamma.

Je t’avais déjà parlé de Parma et de l’Emilie-Romagne, ici. J’étais à peine arrivée ici que j’étais déjà follement tombée amoureuse de cette région. Pourquoi ? Parce que si les Italiens sont en général hystériquement passionnés par leur gastronomie, leur cuisine, leurs traditions, à Parme et en Emilie-Romagne, cette passion atteint un paroxysme qui m’étonne moi-même.

Oui. Et pourtant on ne peut pas dire que je sois la dernière des passionnées. C’est à dire que je ne pouvais pas imaginer qu’on puisse être plus passionnés, plus pointilleux, plus méticuleux, et plus excessifs sur la cuisine Italienne et le savoir-vivre Italien que moi.

Laisse-moi te dire qu’à Parme, je passe pour une vulgaire novice.

Quand je vais m’émerveiller d’un risotto alla parmigiana, somptueusement crémeux et savoureusement beau, mes amis parmesans vont faire la moue et me regarder comme si je ne connaissais rien à l’Italie. Ça calme. J’en prends pour mon grade. D’ailleurs j’en tremble un peu en écrivant ce billet, un peu comme quand tu trembles en faisant la carbonara, de peur de faire une bêtise. Ils ne se contentent jamais, à la recherche incessante de la perfection.

Il caffè ?
« Celui-là est trop brûlé, je préfère celui de la Via [insérer n’importe quelle rue] encore qu’il était bien meilleur quand c’était Mario qui le faisait. »

Il prosciutto di Parma ?
« Non mais tu ne vois pas qu’il sent trop la cave ? Immangeable. Il faudrait que tu goutes celui de Michele, sur la colline. »

I Tortelli ?
« Pfff. Ceux de ma mère sont meilleurs. »

Il parmigiano ?
« Il s’effrite trop facilement celui-là. »

Telle ou telle trattoria ?
« Moui. C’est vrai on mange PAS TROP MAL là-bas. »

Alors que toi tu as les larmes aux yeux tellement c’est bon.

Clairement.

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« L’Italie, c’est le culte de la simplicité dans les produits. Assorti d’une grande exigence. »

– au détour d’une conversation entre amoureux de l’Italie.

Il Duomo e La Cotoletta Alla Milanese.

Milano.

La Milano Bella, La Milano Sofisticata, La Milano da Bere, La Milano Autentica.

Les Milanais. Les beaux Milanais. Des Parisiens, mais beaux, sympas et de bonne humeur. Bon pas des Parisiens donc. Oups !

Qu’a-t-on pu entendre sur Milano… Que c’est une ville moche, sans âme, sans Dolce Vita. Une ville triste. C’est sur, ce n’est pas une ville du Sud de l’Italie. Mais elle a tellement à offrir aussi.

Ma Milano n’est pas triste. Ma Milano, c’est cette Italie qui cultive méticuleusement le bon goût, l’élégance, le raffinement. Un peu superficielle parfois. Allez d’accord, beaucoup, même. Les Italiennes perchées sur 12cm de talons pour aller acheter le pain le dimanche, elles sont là. Les beaux Italiens en costard pour aller boire l’Aperitivo, et activer le radar-scanner à 360 degrés, ils sont là.

C’est une grande ville, avec ses inconvénients, son métro honteux et ses bouchons infernaux. Mais on lui pardonne.

Parce qu’à Milano tu vois, il y a des monuments.

Il Duomo.

Là sur la photo. Imposant. Immense. Démesuré. Incroyable. Majestueux. Parfait. En Hiver, la nuit, ils éclairent il Duomo de l’intérieur, pour qu’on puisse admirer les vitraux et leurs couleurs chatoyantes.

Et la Cotoletta alla Milanese. La vraie, celle qui croustille et fond dans la bouche. Oui, un monument. Simple et sophistiqué. Comme Milano.

Après avoir vécu un an à Milano, je crois – je crois – que je maîtrise à peu près l’art de la Cotoletta alla Milanese. Mais ce que j’adore plus que tout, c’est lorsque ce sont mes amis Milanais AOC qui prennent les commandes dans MA cuisine.

Aspetta, bouge-toi de là, je vais le faire.

Les plats typiques de Milano, ils ne sont pas nombreux. Alors ils en sont fiers, les Milanais. La Cotoletta alla Milanese, c’est la leur. Et la Schnitzel Autrichienne, c’est la petite sœur. Comme te l’explique si bien @mwyler. On les aime bien les Autrichiens, ils en ont fait une variante absolument exquise.

Toute une histoire cette Cotoletta alla Milanese. Un monument parce que les Milanais en parlent comme si c’était un bébé. On la mange en été, en hiver, quand on a envie de rien, on a envie d’une Cotoletta alla Milanese. Con Rucola e Pomodorini.

COMMENT CA UNE ESCALOPE DE VEAU PANÉE ?! MALHEUREUX !

A la grande différence de la Schnitzel, la Cotoletta est – comme son nom l’indique – une côtelette. Avec l’os donc. Elle peut se préparer de deux manières : soit telle quelle, soit on la coupe en deux dans le sens de la hauteur puis on l’ouvre comme un livre. Puis on l’aplatit pour qu’elle soit bien fine. Et elle prend la forme d’une “Oreille d’éléphant”.

L’orecchio di elefante.

J’adore la Cotoletta alla Milanese. J’adore, j’adore, j’adore, j’adore, j’adore…

Le secret, c’est l’impanatura. La chapelure. C’est d’une simplicité insolente. Si tu sais la faire, tes Cotolette seront réussies à tous les coups. Encore un plat qui va épater tout le monde avec trois fois rien.

A l’Italienne quoi.

Il ne faut pas que le pain soit trop sec, tu l’écrabouilles très très finement, puis tu râpes du Parmigiano et tu mélanges bien tout ça. Pour donner une petite touche de goût incomparable. D’ailleurs on se demandera ce qui donne ce goût. Et toi tu ne diras rien, comme d’habitude, tu les laisseras se décarcasser. Il tuo segreto.

J’ai vu certains Milanais réduire en poussière des Grissini pour les ajouter à leur chapelure. C’est très, très bon. C’est surprenant, même. Ca donne une belle couleur, et beaucoup de saveur.

Le deuxième secret, c’est la friture. Il ne faut pas que ta cotoletta soit grasse, lourde. Il faut qu’elle soit juste bien frite. Dorée. Brillante. Légère.

Et pour ça, les Milanais m’ont toujours dit de frire dans une quantité abondante d’huile extrêmement chaude. En ajoutant du beurre dans l’huile. Oui, bon, c’est pas grave, hein, tu ne le dis pas à tes invités de toutes façons.

Comme ça, ça frit, mais la viande n’absorbe pas la matière grasse. Et ça marche. Vrai.

Donc tu aplatis tes côtelettes de veau, tu les imprègnes de farine, hop tu les plonges dans le jaune d’œuf (tiens mets un peu de sel et de poivre dans tes jaunes d’œufs), puis tu les noies sous la chapelure. Tu n’hésites pas, tu les tournes, tu les retournes, et tu les secoues un peu pour enlever le surplus.

La chapelure, c’est la robe de soirée Giorgio Armani de ta Cotoletta alla Milanese.

Il faut qu’elle habille, qu’elle mette en valeur.

Classe mais sobre.

Il faut les faire sur le moment, c’est bien meilleur. Les amener à table encore frétillantes, pendant qu’elles chantent encore.

Et tu les sers comme à Milano. Alla Primavera. Recouvertes de Rucola et de Pomodorini, avec une tranche de citron.

J’ai cherché longtemps, là où on mange la meilleure Cotoletta de la ville. Ce n’est pas facile de se décider. Je crois que partout où j’ai été, j’ai commandé une Cotoletta. Et voici mon verdict : La Rotonda di Segrino (Via Alserio, 30).

Il ne faut pas aller à La Rotonda di Segrino pour le quartier, mais c’est le genre de trattorie qu’on aime bien toi et moi, parce que les serveurs sont sympas et se font des petites blagues entre eux, et on te parle comme si tu faisais partie de la maison depuis toujours.

Demande-leur aux serveurs “Com’è la cotoletta oggi ?” – ils te diront qu’elle est bonne, ils se porteront garants, puis il viendront vérifier que tu as effectivement aimé. Et quand tu leur diras que oui, tu as aimé, ils débarrasseront ta table avec un grand sourire.

All’Italiana.

Pas une vulgaire escalope panée donc.

Mais une simple et belle côtelette de veau, avec un peu de magie dessus.

Regarde, mon ami Matteo, Milanais de père en fils depuis des générations, te donne l’ultime ingrédient secret : L’AMORE.

[youtube http://www.youtube.com/watch?v=UevUfeNk9Yg]

 

Un bacione.

@flonot

Le cose più belle della vita o sono immorali, o sono illegali, oppure fanno ingrassare.

“Les plus belles choses de la vie sont immorales, illégales, ou font grossir.” – Par je ne sais plus qui.

GRAZIE.

Souviens-toi.

J’ai publié un billet que je pensais inoffensif sur la Pasta alla Carbonara le 9 Juillet 2012.

D’ailleurs je n’y avais pas pensé, mais c’était le jour de l’anniversaire de la victoire des Azzurri contre les Bleus en Allemagne (9 Juillet 2006).

Ahah c’est rigolo comme coïncidence, n’est ce pas ?

Vraiment je pensais qu’il était inoffensif.

Ma colère jetée là, sur un bout d’Internet, au sujet d’un plat – mais surtout au sujet d’un pays – que j’adore.

Cette colère, non seulement tu l’as comprise, mais tu l’as aimée, alors tu l’as twittée, retwittée, partagée, comme un digne ambassadeur du Club, tu es devenu un fer de lance de la protection de la Carbonara.

Et toi aussi tu as brandi ta fourchette face à tous les CarboTrolls, jusqu’à les convertir, quitte à les convertir de force.

Je ne pensais pas, vraiment pas, que tout ça finirait par atterrir dans ta cuisine. Et que tu te mettes aux fourneaux.

Je n’avais pas la prétention de te convertir.

Et puis… Magie.

Tu as mis un peu de magie Italienne dans ta Pasta. Celle qui ne te fait jamais revenir en arrière. Celle qui te fait appartenir à un Club. The Carbonara Club.

Parce que maintenant, toi, tu sais !

Et tu es fier de préparer la Pasta à tes amis, à ta famille, un peu enorgueilli de ce secret que tu hésites presque à partager. Tu fais languir, patienter, puis au final, tu le livres ce secret.

PARCE QU’IL FAUT QUE LE MONDE SACHE.

Au fil des jours, les uns après les autres, vous m’avez envoyé vos photos de vos Pasta alla Carbonara littéralement ressuscitées dans vos foyers.

Sous mes yeux émerveillés et remplis de fierté ont défilé ces tweets, tous plus beaux les uns que les autres, qui ont fait honneur à Rome. Parce que cette Carbonara, ce n’est pas ma Carbonara. C’est la Carbonara de Roma.

Et en plus, tu as suivi les conseils de Sand, pour parfaire le chef d’œuvre. Tu es parfait !

Et pour ça merci.

Je dirai même mieux : GRAZIE.

Roma te dit GRAZIE.

Merci d’avoir arrêté le massacre !

Le combat continue. Quoi je suis excessive ?

Un bacione grande grande.

@flonot

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Spaghetti alla Carbonara by @nadrient

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Bavette alla Carbonara by @Marginal

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Spaghetti alla Carbonara by @lamuneca06

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Bavette alla Carbonara con Orvieto by @Diejet

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Spaghetti alla Carbonara by @Ceinwynn

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Tagliatelle alla Carbonara by @Ori4ne

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Tagliatelle alla Carbonara by @Petouillette

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Spaghetti alla Carbonara by @pelochephoto

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Tagliatelle alla Carbonara by @seb_marangoni

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Spaghetti alla Carbonara by @MistinguetteM

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Tagliatelle alla Carbonara by @arsh_0

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Reginette alla Carbonara by @romboot

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2ème essai de @romboot, parce que quand on aime…

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Tagliatelle alla Carbonara by @carolfabien

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Reginette alla Carbonara by @Bat_Paterman

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Et pour finir… Tagliatelle alla Carbonara by @flonot

 

…To be continued !

La Semplicità è l’Estrema Perfezione.

Leonardo Da Vinci

Le Lasagne al Ragù. 99,9%.

Bon.

Il va falloir l’admettre.

Mais ça va te prouver que je ne cherche qu’à partager le meilleur de l’authenticité Italienne. Et que je suis prête à accepter n’avoir raison qu’à 99,9%.

Jusqu’à présent, la Béchamel dans les Lasagnes me faisaient l’effet de la crème dans la Carbonara.

Un crime. Un sacrilège. Un complot voué à scrupuleusement détruire le patrimoine culinaire Italien.

Je sais que de nombreux Italiens vont s’étrangler en pensant que je me fourvoie, mais je dois bien avouer que non. Qu’il faut que tout le monde sache la vérité. Et qu’on en apprend des bonnes tous les jours.

Alors que je commençais à aiguiser mes couteaux et les mettre entre mes dents pour tous les #LasagneTroll qui allaient me sauter à la gorge, un doute m’est venu. Ce doute, c’est la faute de Guillaume Long du blog “A boire et à manger”. Quand j’ai su ce matin que lui, le puriste de la Cucina Italiana a Regola d’Arte, mettait de la Béchamel dans ses Lasagnes, je me suis dit que 1) soit il était tombé sur la tête 2) soit j’avais vraiment loupé quelque chose.

Donc j’ai vérifié.

D’abord dans ma Bible. Le livre “La Cuillère d’Argent”. C’est LA référence de la cuisine authentique Italienne. Je fouille et là, stupeur… Béchamel dans les Lasagnes.

Alors je me suis dit qu’eux aussi étaient tombés sur la tête.

Donc je suis allée sur le site de l’Academia Barilla (où je pique les photos, hihi).

LA référence de la cuisine Emiliana (d’Emilie-Romagne, d’où viennent les Lasagne al Ragù, tu suis un peu ?).

Et là.

RE-STUPEUR, Béchamel dans la recette.

Pour autant je ne me suis pas laissée convaincre aussi facilement.

Donc je leur ai écrit. Et je leur ai dit…

“MAIS VOUS AUSSI VOUS ÊTES COMPLÈTEMENT TOMBES SUR LA TÊTE !”

J’ai cru un moment que j’étais au cœur d’une gigantesque machination des #LasagneTrolls.

Ils m’ont répondu que ça dépendait des régions, mais que oui – cœur qui se serre – on tolérait la Béchamel dans les Lasagnes.

Tolérer < violons >. Tu retiens hein. Moi ça m’a fait l’effet d’une bombe.

Bon.

Tu crois que je me suis arrêtée là ?

BIEN SUR QUE NON.

Je les ai donc appelés, les Chefs de l’Academia. J’étais prête à entendre la vérité de vive voix. Mais avant je leur ai dit :

“VOUS ÊTES TOMBES SUR LA TÊTE.”

Oui, quand je suis abasourdie, j’ai tendance à me répéter.

J’étais en plein déni de réalité.

Après 10 minutes de tergiversations, de recherches, de “Vous êtes surs ? Non mais je veux dire. Vraiment surs ? Parce que vous comprenez, faut que ça soit sur, hein. C’est CRUCIAL. Vous êtes surs alors ?”.

Ils ont fini par cracher le morceau.

Les Lasagnes, à l’origine, c’est les Étrusques.

Et les Étrusques, bah ils avaient pas de Béchamel.

ET PAF.

Mmmh ? Oui ? Tu disais ?

Bon très bien, je continue. Depuis l’Italie Antique, la recette a évolué et les Italiens (dans le Nord surtout) TOLÈRENT la Béchamel dans les Lasagnes.

Voilà, tu es content ? C’est une petite victoire sur mon intégrisme culinaire, hein ?

J’ai boudé toute la journée.

Mais, j’ai décidé. Les Étrusques gagnent. Donc ça fait que j’ai raison à 99,9%.

(Ca veut dire aussi que je ne te planterai pas ma fourchette dans la clavicule les yeux injectés de sang si tu mets de la Béchamel dans tes Lasagnes) (Tu es sauf) (Mais passons)

Comme j’ai raison à 99,9% et qu’on est donc tous d’accord, je vais te donner la recette de MA famiglia. Celles que j’ai décrété de manière absolument totalitaire qu’elles sont les meilleures de toute l’Italie.

Voilà.

Et puis je ne sais pas faire la Béchamel de toutes façons.

Et je n’ai pas envie d’apprendre, pour l’instant (je boude). Et je ne te livrerai que des plats que je sais faire – ou que quelqu’un que j’ai nommé digne héritier de la cucina Italiana sait faire – et qui ont été MINIMUM approuvés par l’ensemble de mes amis les plus chers.

Ce prologue ayant pris fin, on peut passer aux choses sérieuses.

Alors, pour des délicieuses Lasagne al Ragù, il te faut :

Petit a : Des Lasagnes. La Pasta je veux dire.

Si tu n’as pas une Mamma qui passe la matinée du dimanche à les faire FRAÎCHES, tu peux les acheter fraîches. Il te faut un traiteur italien, ou peut-être que dans les supermarchés au rayon pâtes fraîches tu peux en trouver. Tu me diras.

Si tu veux tenter l’expérience de les faire toi-même. Et ben bon courage. Je te soutiens de toute mon âme d’Italienne. Ta plus grande tifosa.

Sinon tu les prends sèches. Quand je vivais en France et que ma Mamma à moi était loin, c’est ce que je faisais. Des Barilla, mais ça tu le sais déjà.

Petit b : Du Ragù. .

Attention, cette fois, il faut que ta sauce soit plus liquide, donc tu ne lésines pas sur la tomate.

Petit c : De la Mozzarella (si tu prends de la Mozzarella di Bufala, c’est evidemment meilleur)

Petit d : Du Parmigiano Reggiano.

(Tiens, d’ailleurs, petite anecdote. Je vis à Parme, et l’autre jour un Parmesan AOC (un mec qui est né ici quoi) s’est étranglé quand j’ai précisé “Reggiano”. Ici on l’appelle juste “Il Parmigiano”. Parce que il ne peut en exister qu’un seul. Bon. Tu vois que je ne suis pas la pire.)

Petit e : De la crème liquide, tout simplement. Pour adoucir un peu la tomate.

PARCE QUE LA BÉCHAMEL, VRAIMENT, C’EST AU DESSUS DE MES FORCES.

< pleurs saccadés >

Et là, c’est trop fastoche. Succès assuré. Enfin si tu as réussi ton Ragù quoi.

Dans un plat à four, au fond, tu verses une louche de sauce.
Et tu commences.

Un étage de Pasta, tu recouvres de sauce.

Un autre étage de Pasta, tu recouvres de sauce.

Et là, pour que ce soit bien onctueux :

Tu alternes généreusement dans les étages la Mozzarella avec la crème liquide – sur la sauce.

A chaque étage un petit tourbillon de Parmigiano.

Pour que tes Lasagnes cuisent bien, il faut que la sauce recouvre bien toute la pâte. Mais faut pas non plus en mettre trop, sinon elles ne tiendront pas dans l’assiette.

Plus tu vas en faire, et plus tu auras le truc.

Tu as compris ? Ce n’est pas très compliqué.

Dernier étage : alors là, tu te défoules sur la Mozzarella et le Parmigiano. C’est la fête sur la Roof Terrace. Comme ça, ça va griller, ça fera une jolie couleur – les Italiens aiment bien quand c’est beau et simple, souviens-toi – et ça va faire des fils interminables quand tu vas les manger.

Et ça, c’est rigolo.

De la poésie.

Quand je rentre à Lyon, ma mère me fait plein de petites portions que je congèle en arrivant à Parme. Et que j’ai juste besoin de mettre au four quand la Casa me manque. C’était la minute mélancolie.

Donc voilà pour la recette des Lasagne al Ragù.

Mais il existe des dizaines et des dizaines de variantes selon les régions, les villes, les famiglie. Donc tu peux te faire plaisir, les lasagnes aiment tout le monde. Même toi. C’est le plat familial par excellence en Italie. On pose le grand plat au milieu de la table, et chacun a son morceau de prédilection. Moi j’aime bien les “coins”, parce que généralement ils sont plus gros – héhé – mais surtout, ils grillent bien là dans le coin.

Allez, fais-toi plaisir.

Et ma cuillère en bois me dit que Sand ne va pas tarder à débarquer à ta table avec une bonne bouteille de Rosso.

Toi, tu la remercieras pour ses conseils avisés, tu lui donneras la meilleure part de tes Lasagnes.

Puis tu pourras la prendre contre un mur entre 4 yeux et lui faire admettre que, oui, l’Andouillette c’est la vie.

A presto.

@flonot

PS : Ne me sers jamais des Lasagnes avec de la Béchamel dedans. Je t’en supplie.

PS2 : Sur la photo, ils ont alterné les lasagnes normales, et les lasagnes aux épinards. C’est pour ça que tu vois du vert ;-)

Buongiorno al Latte ed al Caffè

photo via @SophieCeugniet

Forcément.

Quelque part je savais que tu n’aurais pas résisté et que je t’aurais conquis(e) avec le caffè.

Irrésistible.

Et tu m’en vois ravie ! Oui, ravie que tu aies non seulement envie de boire ton caffè debout au bar avec moi, mais envie de le retrouver – aussi – chez toi.

Parce qu’au-delà de redonner – en forçant le trait et en étant un poil excessive, je l’admets – ses lettres de noblesse à certains des plats italiens que je trouve qu’on torture beaucoup trop POUR RIEN, je cherche surtout à partager les choses qui font que j’adore vivre en Italie. Et dont je suis convaincue de manière très subjective qu’on ne trouve d’égales nulles parts ailleurs.

Même si elles ont été exportées, elles ont souvent perdu un peu de leur saveur en route. Et c’est dommage et ça me rend triste. J’en veux un peu aux Italiens d’ailleurs, de ne pas avoir protégé ce patrimoine avec plus de ferveur. C’est un peu parti dans tous les sens, c’est notre coté bordélique. Alors du coup, pour rattraper ça, avec notre excessivité légendaire, on en fait une histoire d’honneur de la patrie, de notre sang, de notre histoire.

Mais ça veut juste dire qu’on fait les choses avec le cœur :)

Voilà.

Donc je suis beaucoup moins triste maintenant, et je suis ravie.

Et je vais te donner quelques règles de base pour utiliser une cafetière moka comme celle sur la photo, là. Comme ça, tu pourras faire un bon caffè rigoureusement all’Italiana chez toi.

Déjà, elle est jolie, tu as envie de l’exposer dans ta cuisine, et ça, ça fait plaisir. J’aime que les Italiens mettent de la beauté dans les choses les plus simples, c’est tellement agréable.

Celle-ci est la plus traditionnelle, celle des puristes, mais Bialetti en a développé des dizaines d’autres, avec des fonctionnalités différentes, des couleurs flashy, et des formes plus designs.

Mais le principe de fonctionnement est le même pour toutes.

L’odeur du caffè qui envahit toute la maison, ça vient de cette petite moka. Moi, quand elle chante parce qu’ “il caffè è pronto !” je vois des petits cœurs voler dans la pièce…

Donc déjà, sélectionne ton café moulu. Je n’ai pas vraiment de religion de ce coté-là, à part que je le choisis rigoureusement de marque Italienne.

C’est fou, non ?

Puis j’aime parce que beaucoup des maisons Italiennes productrices de caffè sont encore souvent entre les mains des entrepreneurs et familles qui les ont créées en leur temps, dans de simples boutiques de torréfaction : Lavazza, Illy, Segafredo Zanetti, Kimbo,… et continuent de commercialiser dans le monde l’autentico espresso italiano.

J’aime ces nombreuses success story all’Italiana, elles me rendent fière !

Si tu veux être un vrai, il faut prendre carrément les grains et les moudre toi-même. Mais encore une fois, c’est vraiment une question de goût, et surtout d’habitude. Tu vas voir, plus tu vas boire le même, et plus tu vas l’aimer.

C’est une histoire d’amour exponentielle, si c’est pas fabuleux ça sans déconner !

La seule chose à savoir quand tu choisis ton paquet, c’est vérifier sur l’étiquette que la torréfaction est adaptée à la cafetière moka. Par exemple, pour les machines à espresso – type celles des Bars – le caffè est torréfié différemment.

D’autre part, et je vais te donner un truc qu’un vieux professeur d’italien à la fac m’avait dit et que tous les Italiens te diront : Oui, le choix du caffè et de la cafetière est important. Mais le plus important… c’est la qualité de l’eau ! Tu n’y penses pas mais c’est vrai, plus tu mettras de l’eau de qualité, plus ton café sera bon. Donc eau minérale ou filtrée, pour ne garder que le meilleur.

Presqu’élémentaire, comment toi et moi on a pas pu y penser avant, sérieux.

Donc la moka tu vas adorer parce qu’elle est parfaite pour tous les moments de la journée.

Elle ne fait jamais le même caffè.

NON PARCE QU’IL EST MEILLEUR A CHAQUE FOIS.

Oui, oui. Tu vas avoir envie de lui faire des bisous d’amour.

Je te parie un tour en Vespa que dans quelques temps, tu deviendras aussi extrémiste que moi grâce à la Moka. Tu vas comprendre, ça va s’insinuer en toi comme si de rien n’était, ça va s’intégrer dans ton ADN sans que tu t’en aperçoives, et quand on te servira une tasse de café lambda, tu ne pourras plus t’empêcher un :

“MAIS QU’EST CE QUE C’EST QUE CE TRUC ? ACHÈTE UNE MOKA !”.

La première fois, tu seras toi-même stupéfait de ta propre réaction.

Ou alors tu feras comme moi, tu offriras une Moka à tout ton entourage. Pour la contagion positive. Et aussi parce que comme ça, très égoïstement, tu es certain que tu boiras du bon caffè presque partout où tu seras invité.

Machiavel était Italien, ce n’est pas pour rien.

Satisfaction machiavélique, donc.

Alors, les quelques principes de base de la Moka :

Petit a : L’eau bout dans le récipient inférieur puis avec la pression va passer au travers du filtre/réceptacle du café, se concentrer dedans, tourbillonner entre les grains tous fins pour finalement être emportée dans le récipient du haut.

(Je ne suis pas chimiste, ce que je te raconte là, c’est comme je l’imagine dans ma tête)

(bon je sais que tu aimes les schémas, alors hop)

Petit b : Tu ne laves JAMAIS ta cafetière avec du savon ou du liquide vaisselle.

Tu démontes les 3 parties (récipient inférieur, filtre, récipient supérieur), tu rinces avec de l’eau et tu laisses (bien) sécher.

Si ta Moka s’approche à moins de 10 cm d’une bulle de Paic Citron je te coupe la tête et je te condamne au café dégueu jusqu’à la nuit des temps.

C’est clair ? Tu ne veux pas ruiner le goût du café. Donc non.

Petit c : Ta cafetière est neuve, donc tu fais les premiers caffè (3 ou 4) et tu les jettes. Il faut la roder. Ça enlève le goût de l’aluminium au début. Pareil si tu ne l’utilises pas pendant longtemps, si tu peux en faire un et le jeter c’est mieux.

Petit d : Tu fais ATTENTION.

C’est une mini-cocotte minute ta Moka. Donc tu la surveilles. Dès qu’elle chante, tu la retires immédiatement du feu, et tu attends qu’elle arrête de bourdonner. D’ailleurs tu la fais chauffer toujours à feu doux. Le repère, c’est la flamme qui ne doit pas dépasser du récipient inférieur, toujours bien cachée la flamme.

TU NE FAIS PAS BOUILLIR LE CAFÉ.

Mais je ne te jetterai aucune pierre, parce que les mésaventures suivantes sont arrivées à absolument tous les Italiens. Ceux qui te disent que non te mentent de manière éhontée.

1) Tu n’entends pas chanter la Moka, donc tu ne la retires pas du feu, donc le caffè dans le récipient du haut se met à bouillir. Caffè bouillu, Café foutu.

2) Tu oublies de mettre du caffè moulu dans le filtre. Les Italiens appellent ça “il caffè in bianco”, parce que, ben, y’a que de l’eau chaude qui sort. Donc il est blanc.

Mais ça à la limite ce n’est pas très grave. Ce qui est bien plus grave, parce que dangereux…

3) … Tu oublies de mettre de l’eau. Alors ça, c’est radical. Non seulement ça bousille ta cafetière mais en plus elle peut exploser. Ben oui parce que le caffè ne sort jamais, donc tu ne l’entends pas, donc tu peux oublier, donc elle reste sur le feu pendant des plombes.

Tout m’est arrivé à moi, mais je ne recense aucun blessé.

Je te sens un peu soulagé, là.

Voilà, donc une fois que tu sais ça, tu peux te lancer !

Vas-y je te regarde, je suis derrière, je ne t’abandonne pas.

Je regarde juste les bras croisés et je te dirai si ton caffè est bon et si tu es un digne héritier de la tradition Italienne.

Pression.

Alors tu dévisses ta cafetière, et dans le récipient du bas tu mets de l’eau jusqu’au trait. Et dans tous les cas, jamais au-dessus de la valve de sécurité.

Tu mets le filtre dans le récipient et tu le remplis bien de café, SANS TASSER.

(Cette manie qu’ont mes amis français de vouloir tasser à tous prix le café dans le filtre, ça me dépasse)

Si tu le tasses il sera purement et simplement imbuvable parce que beaucoup trop fort. Aucun besoin donc, surtout que la vapeur fera tout le boulot.

Tu visses fort – très fort – le récipient supérieur et tu mets sur le feu. Tu te souviens de ce que je t’ai dit, hein, au sujet du feu.

Si tu as des plaques électriques, tu places la cafetière sur le bord de la plaque, pour que le manche en plastique ne soit pas directement exposé à la chaleur. Çà peut l’abîmer.

Tu as vu ça comme je pense a tout. Ça m’épate moi-même.

Quelques minutes de patience et ça y est… elle chante. Si j’osais je dirais qu’elle jouit. Mais je suis pudique.

Elle chante parce que ce sont les dernières gouttes de caffè qui tombent dans le récipient du haut, bien noir, bien fumant, avec sa merveilleuse odeur qui vient te dorloter. Il y a un mot que j’adore en Italien, c’est “avvolgente”- ça veut dire que ça t’enrobe. Comme la chaleur du feu de cheminée en hiver. Comme la couette dans laquelle tu t’enroules bien pour t’endormir au chaud.

C’est doux, et ça fait des câlins dans le cou.

Avvolgente.

D’ailleurs, généralement, il y a toujours quelqu’un dans la maison pour dire : “Mmmmh ça sent bon le café dis-donc !

Ça te fait sourire.

Parce que maintenant tu sais. Tu fais partie de ceux qui savent, ce n’est pas rien. On se reconnaîtra quand on se croisera tu verras. Parce que nous, on sait !

Je vais te donner un truc. Parce que j’aime bien quand tu sais.

Les premières gouttes qui tombent sont les meilleures. Si tu les récupères et tu les mets dans un petit bol avec du sucre fin, et que tu touilles bien, ça te fera une crème de caffè. Tu pourras la mettre au fond de chaque tasse et verser le caffè directement dessus. Tu verras, ça fait une délicieuse petite mousse.

Bon, c’est le moment fatidique. Il caffè è pronto.

Fais-moi goûter ce caffè. Arrête de trembler tu vas en foutre partout. Puis je suis douce, je t’ai dit, je ne veux que ton bien.

Colore ? Perfetto.

Odore ? Perfetto.

Gusto ? Perfetto.

Bravo.

Et bienvenue.

Tu vas voir, c’est un monde formidable. Parce qu’un peu d’Italie est rentrée dans ton cœur. Un peu comme quand tu passes du bon coté de la force. Un peu comme quand tu as lâché ton PC et tu as découvert le magnifique monde d’Apple.

La Moka, c’est la Steve Jobs du caffè.

Tu ne reviendras jamais en arrière.

:-)

Un bacione, e grazie per il caffè.

@flonot

PS: Une cafetière Moka 3 tasses, ça coûte dans les 20-25 euros. Aucune raison de se priver.