Tutta l’Italia Che Ho.

« Floriana, tu es française ou italienne ? »

Une fois par jour au moins, c’est la posologie. C’est vrai, après tout, je suis née en France, j’ai un prénom on ne peut plus italien, je vis en Italie, j’ai un caractère un peu méditerranéen. Un peu.

« Je suis franco-italienne. Enfin je suis née en France. Donc techniquement je suis française sur le papier. Et dans le cœur aussi évidemment. Mais je suis d’origine Italienne. Enfin je suis la 1ère génération de français dans ma famille. Donc j’ai l’Italie dans le cœur et les veines. Bref je suis franco-italienne. »

Que celui qui n’a jamais souhaité cultiver sa différence me jette la première pizza.

Et là, la question impossible à esquiver. Je ne peux pas la contourner, les gens le sentent.

« Mais tu te sens plus italienne ou française ? Non, mais je veux dire… Par exemple, tu supportes qui si y’a Italie-France ? »

Alors une bonne fois pour toutes, j’ai supporté l’Italie en 2006, mais en 2000 aussi.

ET MAINTENANT C’EST BON, ON DIT QU’ON NE PARLE PLUS DE 2000.

Et en 1998.

Luigi Di Biagio. Pourquoi, pourquoi tu ne l’as pas mise dedans.

Et en 1994.

Roberto Baggio, j’ai encore une douleur vive dans le cœur quand je repense à toi au Rose Bowl de Pasadena, j’avais 13 ans.

Et en 1990.

Un autre Roberto, premier chagrin d’amour footballistique. J’avais 9 ans et mon mépris de Maradona pouvait commencer.

Notti magiche.

D’aussi loin que je me souvienne, c’est toujours la Nazionale qui a fait battre mon petit cœur et trembler mes jambes, qui m’a tordu les tripes et noué la gorge, empêché de dormir, et fait pleurer. Qui m’a fait serrer mes petits poings quand j’étais petite et que mes camarades se moquaient des Azzurri.

Comme si on avait insulté ma propre mère.

Mon père était persuadé qu’un jour l’école l’aurait appelé pour l’alerter :

« Monsieur, venez chercher votre fille, elle s’est battue avec des garçons dans la cour de récréation ! »

Ben oui mais ils disaient que les Italiens étaient des voleurs.

Je me souviens. Mon père était désespéré. Il me sermonnait. Un peu.

« Floriana, calme-toi s’il te plait. Il faut arrêter de te disputer avec tes copains, hein, promis ? Donne-moi ce drapeau de l’Italie. »

Il avait peur que je roue de coups le morveux qui m’appelait Michelangelo. Comme la Tortue Ninja hein, pas comme Buonarotti, tu penses bien.

Alors l’Italie, mon Italie, tutta l’Italia che ho, elle vient d’où ?

Elle vient de là.

Fin des années 1950.

Mon grand-père Luigi débarque à Lyon avec ses 3 fils aînés, Francesco, Matteo, et Antonio.

Imagine.

Ils ont laissé la grand-mère, les 3 petits frères, et la petite sœur dans les Pouilles, le temps de se trouver un logement, et du travail. A l’époque, pas d’autoroutes, pas de tunnel du Fréjus ou du Mont Blanc, pour faire 1200km, il fallait s’armer de patience et rouler pendant des jours et des jours. Faire des étapes. Pas de téléphone non plus. Ils vivaient loin. Vraiment loin. J’imagine que l’équivalent aujourd’hui serait de partir au fin fond de la forêt amazonienne, ou faire le tour du monde en solitaire à la voile.

Je n’ose même pas imaginer, moi qui pourtant aujourd’hui vis « loin » de ma famille, mais que je peux appeler, voir, retrouver quasiment aussi facilement que d’aller chercher ma pizza chez Mario en bas de chez moi.

Un jeu d’enfant.

Je n’ose même pas imaginer ce que c’est, que de quitter la terre argentée de la Puglia, l’odeur de la mer, la famiglia à tous les coins de rues, les petits vieux qui jouent aux cartes sous un soleil de plomb, les pécheurs qui frappent les poulpes sur les rochers,  les enfants qui courent une pizza al taglio à la main, les Vespa qui chantent, la chaleur de tous ceux qui t’entourent, pour se retrouver dans une grande ville, aussi belle soit-elle, mais froide, vide de tout ce que tu connais, étrangère, et où tout est une montagne à surmonter. Certes, ils avaient des raisons de partir. Mais la tâche n’en était pas simplifiée pour autant.

Par contre je les imagine, tous les quatre, le soir. Se cuisiner des pâtes ramenées précieusement d’Italie pour sentir l’aria di casa. Même si tout manquait pour en faire des dignes de ce nom. Se parler en patois comme à la maison, dans les Pouilles. Gratter quelques notes sur la guitare et entonner des chansons bien de chez nous.

Rêver aux oliviers et aux pavés brulants, la petite vieille en noir qui surveille les passants, les pizzas qui vont de maison en maison. Le brouhaha familier et les Italiens qui gesticulent.

De bonne humeur, même quand ils sont de mauvaise humeur.

Et je les imagine, revenir au pays, et s’émouvoir, le cœur qui bat, devant l’huile d’olive qui parfume le ragù della nonna.

Cette huile d’olive qui était introuvable en France. De l’or liquide, pour mon père, ses frères, et mon grand-père.

Plus tard dans les années 1970, quand c’est ma mère qui est arrivée en France, mon autre grand-père faisait en sorte qu’elle ait de l’huile d’olive pour toute l’année, pour tous nos dimanches en famille, pour tous les plats de pasta asciutta. Quelque chose comme 30-50 litres. Quand on repartait des Pouilles, vers la fin août, on était littéralement enseveli par les valises sur nos genoux, pour faire de la place aux tomates et à l’huile d’olive, aux biscuits du Mulino Bianco, aux formats de pasta régionale Agnesi ou Barilla qu’on ne trouvait pas en France. Et de l’origan. Qui avait patiemment séché al sole pugliese sur les terrasses, pour être confectionné amoureusement et transporté jusqu’en France. La petite touche qui parfumerait la pizza della mamma. Et qui lui donnerait ce goût incomparable.

C’est la naïveté italienne et la tradition méridionale qui allaient à la rencontre de la frénésie et la modernité urbaine.

Tout ça, ça nous faisait rêver.

Moi, mes frères, ma sœur.

Moi qui comptais les jours dès la rentrée de septembre. Les jours qui me séparaient de l’Italie, au mois d’août. Qui inscrivais « – 330, -329, -328,… » sur chaque page de mon agenda. Qui attendais Noël juste pour le colis de la Nonna qui nous envoyait du panettone, des pâtes, et mon paquet de Pan di Stelle. Et regardais ma mère qui confectionnait à son tour un paquet plein de victuailles bien françaises, pour la famille restée là-bas.

Avec un paquet de papillotes pour chacun de ses 10 (!) frères et sœurs.

Moi qui demandais à mon père de me réveiller quand le Grand Prix de F1 se passait la nuit, au Japon, pour ne pas rater une course de Ferrari et prendre le risque de manquer le drapeau et l’hymne italien en cas de victoire. Tout comme je le suppliais de me réveiller quand on arrivait au tunnel du Fréjus au très petit matin, pour ne pas manquer le passage de la frontière, et ce panneau « ITALIA » que j’attendais depuis de si longs mois.

A 6, 13, ou 20 ans, toujours le même rituel.

Les yeux qu’on se frotte à 5h du matin, le cœur qui se serre un peu, voilà, on y est, quelques coups de klaxon en sortant du tunnel, comme pour dire « Ça y est, Italia, on est là, on est de retour, un an, Seigneur que tu nous as manqué ! » et la pause sur la première aire d’autoroute italienne pour déguster le salvateur cappuccino. On est à la maison.

Je pouvais me rendormir, je savais que ma mère m’aurait réveillée, de longues heures plus tard, dans la chaleur de notre Alfa Romeo 75 couleur crème non climatisée, juste avant qu’on aperçoive la mer. Notre mer.

« ON VOIT LA MER ! »

Celle de chez nous, qui nous donne tout ce qu’on aime, tous ses trésors.

Vongole, cozze, tartufi di mare, polipo, calamari, que sais-je…

Puis encore de longues heures avant d’apercevoir le panneau de notre ville, vite recoiffe-toi, on est arrivés, ça fait 18 heures qu’on roule mais ça y est, on va voir Nonna, ils nous attendent tous impatiemment !

La silhouette de ma grand-mère sur le balcon dans la pénombre, qui guettait l’arrivée de ses enfants et petits-enfants qu’elle n’avait pas vus depuis un an.

Et l’explosion de joie.

Le chemin inverse, 4 semaines plus tard, était long, infernal, douloureux, rempli de larmes. J’étais inconsolable. Et ça durait des semaines. J’aurais pu me faire venir un ulcère. Oui, j’étais excessive déjà à 6 ans. Et le plus incroyable est que je pleure autant aujourd’hui, à 32 ans, que lorsque j’en avais 6, quand je dois quitter l’Italie.

Je deviens nera, comme on dit ici.

Toute l’Italie que j’ai, c’est tout ça et tellement d’autres choses. Des saveurs, des odeurs, la chaleur humaine de ma famille, les cousins qui m’écrivent pendant l’année et mon sprint vers la boite aux lettres dès que je voyais pointer la casquette du facteur, les copains qu’on retrouve à la plage, les larmes des séparations, les hurlements quand Toto Schillaci crève la défense adverse, la pizza croustillante et brûlante à peine sorti du panificio, les 1000 lires que ma grand-mère me donnait pour que j’achète mon gelato, les paysages accidentés du Gargano, les plats de pasta fumante sous 40 degrés, la ville endormie pendant la sieste.

Toute l’Italie que j’ai, c’est Luigi, Francesco, Matteo et Antonio et tous les autres, tous les gens, tous les Bruno, Marco, Roberto, et leurs familles, tous les déracinés du Bel Paese, mais qui éprouvent toujours autant d’émotion en cueillant une petite olive dorée de notre terre.

Tout ça. Et encore plus. Bien plus.

Un bacione,
@flonot

 

 

 

56 responses to “Tutta l’Italia Che Ho.

  1. Gina STABILE

    C’est mon histoire à 90%… les autres 10%, c’est que je suis d’Emilie-Romagne, et non pas des Pouilles, et (pardon Floriana) je n’aime pas le football, car mon père y jouait, et j’en avais marre d’être obligée de le suivre tous les week-ends avec ma maman. Mais bien entendu, je suis ferrariste, car née à 5 km de Maranello, et je soutiens tout équipe italienne, quel que soit le sport.
    J’ai toujours l’Italie au coeur, malgré toutes ces années d’éloignement…

  2. Cinzia Trigiani

    Sei meravigliosamente romantica, passionale, nostalgica, creativa… tipicamente italiana! Un abbraccio fortissimo! Grazie per questo omaggio!

  3. orsetta77

    C’est tellement joliment partagé ton histoire…Je me répète mais tu transmets de belles émotions dans ce que tu nous racontes.
    Ta lectrice s’appelle Graziella mais pas d’origine italienne, mariée à un pugliese auprès de qui elle vit à Brindisi :-)
    Au plaisir de te lire et relire.

  4. Toute mon enfance…le même parcours chaque année jusqu’au Gargano…et encore aujourd’hui la même attente…par contre j’y vais plus souvent…Et en plus ma fille ainée c’est installée a Rome,donc une raison de plus d’aller en ITALIE…

  5. da grande Floriana, la tua Italia, la nostra Italia, questo grande paese, ho voglia di prendere il biglietto d’aereo ora

  6. thomas

    merci pour ce beau texte.

    mon meilleur copain venait du Frioul, et selon lui le cappucino se faisait ainsi: un jaune d’oeuf mélangé avec du sucre, lorsque ça a blanchi, on verse le café et du lait: bref un plat de travailleur.

  7. Ce billet était magnifique.

  8. je me suis beaucoup retrouvée dans ce magnifique récit.merci

  9. Katine_

    Katine_ Un billet tout simplement magnifique !! Brava !!

  10. PW

    Les mêmes émotions ressenties lors du retour dans le village natal de mes parents et tjrs la même émotion qd je retourne en Italie. Cette envie plus forte que tout de retrouver les odeurs, les goûts, la douceur, l’ambiance de ce beau pays. J’essaye de faire partager cela à mes enfants, je leurs dit qu’ils ont du sang italien dans les veines, que l’italie est un pays merveilleux, chaleureux, excessif, sensible. Et la connivence que j’éprouve pour tous les expatriés du monde et aussi la tristesse. Ton billet me rend nostalgique de cette époque. Merci

  11. Vos commentaires me touchent beaucoup !
    On a tous un peu d’Italie en nous, je crois.
    Un bacione a tutti !

    • thomas

      Bonjour,
      j’ai mangé au restaurant Il Cigno (superbe restaurant) à Mantova une spécialité de la région: un risotto quasiment sec mais délicieux, et je n’arrive pas à trouver la recette, auriez vous une idée
      Par avance merci.

      • Floriana

        Bonjour Thomas,
        Je pense que c’était un risotto poêlé ! Spécialité du nord de l’Italie… Il suffit de faire un risotto normal, puis d’en faire une galette dans une poêle très chaude et le saisir rapidement de manière à ce que la couche extérieure croustille. C’est bien de cela dont vous parlez ?
        A bientôt !
        Floriana

        • thomas

          non pas du tout, c’est un risotto sec, qui est servi mélangé avec de la chair à saucisse, c’est excellent. le balsamico du restaurant fait avec les raisin du patron était somptueux sur des fraises, le patron est un ami de la famille Santini de Dal Pescatore

    • Rebecca Catini

      Houlà, je suis émue aux larmes, FLO. Merci. Je viens de saisir, aussi, toute l’importance d’une boîte aux lettres… la tienne, à Sienne.

  12. Anne So

    Magique Floriana !!! Un bacione

  13. BRAVA FLORIANA HAI SCRITTO LE MIE MEMORIE A PARTE CHE IO SONO VENUTO IL 21.09.1960 GRAZIE FORZA AZZURRIIIIIIIIIIIIIIIIII

  14. Jocelyne

    Quel beau post, j’en ai les larmes aux yeux. Belle plume, vraiment félicitations. Je suis française 100% pur beurre mais passionnée par l’Italie et ne rêve que d’aller y vivre dans un petit village médiéval avec ses coteaux couverts de vignes.
    Merci, continuez à nous faire rêver et nous faire connaître votre amour de Paese.

  15. J’entends mon beau-père Sarde quand je te lis, c’est agréable.

  16. Quand j’ai commencé à lire, j’ai pensé que c’était quelque peu bizarre. Je veux dire : je suis Italien, je ne suis arrivé en France qu’il y a 4 ans et il ne me viendrait jamais à l’esprit d’écrire un post si… amoureux de mon pays. Mais après ça, pendant que je lisait, je t’avoue que j’ai été vraiment touché, je l’ai trouvé très émouvant et je n’ai pas pleuré car… ben, je suis quand même conscient que c’est juste un billet écrit sur internet ! ;-)

    Mais merci, merci mille fois, car c’était beau. Vraiment.

  17. Benjamin SCARPARI

    Bonjour Floriana, que le monde est petit. Tu te souviens de moi on était en DUT ensemble et je suis toujours aussi fan de l’Italie. Et toi comment vas-tu? Tu vis à milan adesso?

  18. Rétrolien : HorsJeu.net | A la limite du footballistiquement correct | Catane-Fiorentina (2-1) : la Chianti Académie livre ses saintes notes

  19. Vous transmettez de belles émotions, félicitations ; C’est un plaisir de vous lire. Belles photos des cafetières que je connais bien, je passe beaucoup de temps dans le Piemont à Omegna (Bialetti, Lagostina, Alessi etc…) et j’ai aussi une belle collection !

  20. Bettyburp

    Magnifique texte, j’en suis toute émue…Suisse née en Suisse je manque probablement de soleil, mais je comprend un peu mieux ma femme italienne qui en ressent le besoin

  21. C’est une belle déclaration d’amour! Mi sono ommossa perché mi ci sono ritrovata un pochino :-)

  22. Mimmo

    Brava Floriana sono ormai un « vecchio » calabrese arrivato in Francia da 27anni e che ha vissuto e che vive tutti i sentiment e le emozioni che tu descrivi nel tuo testo.Brava e ancora brava.
    Hai una qualità nello scrivere che riesce a far rivivere e a descrivere quei sentimenti ed emozioni che sono in noi e che non riusciamo ad esternare e a spiegare agli altri.Anche i miei figli si sono fortemente ritrovati in te in tutto e per tutto.

    Comunque ti volevo confidare una cosa:sono duro,fiero,combattente,ma con il tuo racconto mi è venuto veramente un nodo alla gola …….ho quasi pianto.
    Mimmo 52 anni Toulouse .

  23. MLCHAREUN

    Ma soeurette, ton billet me fait pleurer littéralement. Tu as su décrire tout ce que j’a moi-même ressenti pendant toutes ces années, quand on descendait à Manfredonia. Mon seul rêve, à l’époque, était d’y rester et d’y vivre.
    Toi tu as la chance d’avoir réalisé ton rêve!
    Moi je m’accroche à mes souvenirs, à quelques odeurs et beaucoup de photos.
    D’ailleurs à propos d’odeurs, je n’aime rien tant qu’entrer dans une épicerie italienne, même ici à Marseille ou Lyon : on sait que c’est une vraie épicerie italienne quand tu sens l’odeur du prosciutto crudo et de la scamorza, odeurs entêtantes qui te remplissent les narines dès que tu as posé un pied dans le magasin.

  24. Comme je t’envie d’avoir conserve tes racines. Mon grand père paternel est arrivé en France dans les années 50. Pour fuir franco. En 56 ma grand mère le rejoignait. Passant la frontière en catimini, vite vite, par les chemins cachés, enceinte de mon père et avec ses deux autres fils accrochés a elle pour rejoindre son époux. Mais moi l’Espagne, je n’y ai jamais mis un pied. Chaque été mes grand parents repartaient dans la famille et revenaient 8 semaines après le coffre plein de présents (la mallorquine, la monà, les boutifares et boutifarones, le chocolat espagnol, les valencianes). Mais aller la bas, ça ne m’intéressait pas. Mon père n’y allait que pour les enterrements. L’espagnol (le valencian pour être precise) je le comprend, a force d’entendre mes grands parents parler a mon père, mais je le parle pas. Ma mère a demande a mes grands parents de nous parler espagnol a ma sœur et moi, mais ils avaient peur de perdre leur français, donc ne voulais pas parler espagnol.
    De mes racines je connais la cuisine de ma grand mère et de mon père, parce que c’était le seul truc qui m’intéressait. Mais pas les paysages, l’odeur, les plats locaux vraiment locaux.
    Aujourd’hui je le regrette. Je regrette de ne pas avoir voulu connaître mes origines. J’ai enterré mon grand père le mois dernier et de l’Espagne, je n’ai plus que ma grand mère, qui vit a la française parce que le mode de vie et d’alimentation lui plait mieux. Alors oui je t’envie d’avoir su garder ce lien patrimonial :-)

  25. Sylvia

    ah c’est malin de me faire pleurer comme ça au bureau…

  26. Merde, j’ai la larme à l’oeil en lisant ça… Je me reconnais trop dans le début. En 1990, j’avais 10 ans, c’est mon père qui m’a donné la passion du football. Lui-même la tenant d’une époque où, de toute façon, la France ne participait même pas aux compétitions internationales. Il avait la Squaddra Azzura dans la peau et il m’a contaminée. Oui, en 1998 aussi j’étais pour l’Italie et je n’ai pas réussi à m’enflammer lors de la finale car j’avais encore les 1/4 en travers du gosier…

    Moi aussi j’ai des images mentales en sepia de mon grand-père fraichement déboulé en France, même si l’époque n’est pas la même (début des années 20).

    En revanche, nous n’avons quasiment pas de contact avec la famille italien et je n’en parle pas un mot. En 2010, je suis allée en vacances « road trip » en Italie, j’ai revu le village où était né mon grand-père (je l’avais vu en 1986 mais n’en gardait pas de souvenir) et j’ai découvert des sons, des couleurs, des ambiances, des lieux qui, bien que vus pour la première fois, me semblaient incroyablement familiers…

  27. Complimenti, un post da leggere tutto d’un fiato, che ti riempie di emozioni… perché ognuno di noi in fondo ha vissuto direttamente o indirettamente quello che tu racconti.

  28. Estelle

    Mon Dieu que ce post est émouvant pour moi : c’est mon histoire que je lis là, de A à Z … à ceci près qu’en plus de me faire sourire, il me tord le cœur maintenant que mon papa n’est plus de ce monde ! Arrivé en France à 4 ans après guerre et orphelin de père, il a subtilement, peut-être sans le vouloir, fait naître en moi un drôle de sentiment … Ma vie est en France mais mon coeur est ancré dans un petit village du Friùl et finira bien par m’y ramener (si seulement ..!) en tout cas ton blog est un régal … Bravo et merci <3

  29. Daniel G

    J’aime beaucoup votre façon d’écrire, elle est tellement dynamique, pétillante et surtout cette exagération parfois contrôlée qui ressemble tellement au caractère excessif de nos idoles italiennes ;-)
    Beaucoup de franco-italiens se retrouvent parfaitement dans ce papier sans bien sûr les spécificités du village d’origine. Le « ministero dei beni culturali » doit vous récompenser pour le développement des vrais valeurs de l’Italie :-)

  30. Clement Mottura

    E ci credevamo diversi, com’è bella l’ingenuità dei bambini…

    Blog rafraichissant, plume agréable, sujets lumineux…

    Vivissimi complimenti!

    Clem

  31. Je viens de lire ton histoire et j’en ai (véritablement) les larmes aux yeux. c’est ce que j’ai vécu étant picciocu lorsque j’allais en Sardaigne durant le mois d’aout. Sauf qu’on ramenait du pecorino sardo, du pane carasau (pistoccu), des mostaccioli, des figues de barbarie… dans la voiture pleine à craquer. Et moi, j’ai connu le mondial ’82, la bande à Paolo Rossi et Enzo Bearzot, la finale magique contre la RFA et l’explosion de joie ce soir là qui a réveillé tous les voisins du quartier, ils nous ont tiré un tronche pendant plusieurs jours… Oui, j’ai connu les blagues et moqueries sur les ritals, les voleurs, les macaronis, mais j’ai toujours gardé cet amour (incontrôlable) du pays de mes parents, pour son histoire, sa langue, sa gastronomie, bref son art de vivre. On l’a dans les tripes, ça ne s’explique pas, ça se vit. En lisant les posts, je m’aperçoit que pas mal de personnes ont vécu ça, on se sent moins seul. Aujourd’hui, j’ai la chance d’habiter à 30Km de la frontière, je vais faire mes courses 1 fois par mois à Turin et j’éprouve toujours le même plaisir de passer la frontière, d’aller au premier bar du coin ou sur l’autoroute pour boire un espresso, et observer les italiens toujours élégants et les italiennes toujours un peu starlettes. Et il est si facile d’engager la conversation dans la rue, au bar ou dans les magasins. J’ai toujours un petit pincement au cœur lorsque je fais le chemin du retour. Même si la France est un beau pays, c’est le maillot de la Nazionale de ’98 et celui de la Juve qu’il y a dans le tiroir de la commode, et je ne peux m’empêcher de vibrer à chaque victoire de Ferrari (trop rares actuellement, hélas!!). Et j’ai honte à chaque scandale politique lorsque les journalistes en font des tonnes sur les classiques travers des italiens!!! Alors, pour relancer la croissance italienne, je consomme « made in Italy » en Italie, et je me dis que j’agis en patriote de cœur!!! Bon, je vais sécher mes larmes, lire encore quelques recettes et aller faire mes courses à Oulx ou Susa pour ce week-end. Grazie mile e tanti baci,

  32. Très touchant ce texte… :)

  33. Ben miiince alors si je m’ attendais à découvrir un tel billet et mon histoire écrite noir sur blanc tout comme celle de tous les Copains et Copines déracinés !!! je ne m’ attendais pas non plus à te lire, que dis je… à dévorer chaque ligne et tout ce que tu as si précisément écrit, la JOIE à la foliiiie dès mon retour a casa , tout comme les déchirements tout aussi fouuuu de la fin des vacances et devoir quitter ma terre et surtout tous ceux que j’ aime tant mais avec le cerveau rempli à craquer de tant de souvenirs, sans compter la bagnole… et cela depuis ma plus tendre enfance, chaque année c’ est le même refrain, ohhh ouiii le coup du tunnel du Fréjus, et de la ptite pancarte ITALIA… mais avant le tunnel c’ était le col du Monceniso, accompagné du fatal mal au coeur… et du meeeeeerveilleux passage de la frontière, où tout à coup tout malaise disparaissait comme par magie !!!
    J’ imagine que c’ est pareil pour tous les déracinés de la terre, pour tout ceux qui un jour ou un autre quelque soit la raison, ont été dans l’ obligation de partir de chez eux.
    La seule petite différence, est que je suis du Nord ITALIA, Piémontaise du côté de Cunéo, un petit village au nom de Trinità, j’ ai 56 ans d’ expériences en tout genre… et je m’ appelle Armella Lucia Paola Fioretti, bon maintenant je vais me finir avec un bon Tiziano Ferro, et essuyer mes larmes et mon nez enfin si je peux …
    Bacioniiiiiiiiii armella

  34. Magnifique. Comme quoi, on a tous la même histoire, nous les italiens de France.
    Allez je vais chercher un mouchoir, j’ai une larme qui coule!

  35. Giorgio

    Merci. Tout simplement merci de réveiller la flamme d’un feu que je croyais absent chez moi. Comme aurait pu dire Brassens « Mais il m’avait chauffé le corps, et dans mon âme il brûle encore à la manière d’un grand soleil », celui de l’Italie.

  36. igorreteno

    Grazie per questo Floriana , grazie di far vivere l’Italia chez ho nel cuire , grazie

  37. reb

    oh lalala je suis tombée par hasard sur cette article que j’ai lu en souriant et en pleurant en même temps…tu racontes mon histoire mon amour pour l’italie jusqu’au paquet de pan di stelle et surtout cette année extrement longue d’attente pour qu’enfin le mois d’aout arrive et qu’on reparte dans mes abruzzes chérie pour 4 belles semaines qui passaient comme l’éclair et revenir en larmes parce que je ne voulais pas rentrer en france , cette france qui m’arrachait de tout ce que j’aimais !!! et puis honnetement un match france italie je suis la premiere a crier dans un endroit entouré de francais « forza italia »

  38. GinoRiccetti

    Oulàlà, Floriana, comme ton histoire m’a bouleversée à m’en émouvoir aux larmes. Ton histoire à vrai dire, c’est la mienne, c’est la notre à la lecture des nombreux commentaires qui ont suivis. A la différence que Mon Papa Battista est venu de sa Calabria avec son frère Francesco, les grands oncles Pasquale et Francesco et leurs enfants. Il a été rejoint par Maman Ida quelques années après, pour s’installer dans les environs de Nancy en Lorraine et fonder une famille. Je suis le cadet d’une fratrie de 3 garçons. Ton tunnel ? c’était le Fréjus…le notre ? le Saint Gothard en Suisse, les postes frontières, l’autoroute, les bons d’essence, le petit souvenir, la chaleur, évidement la voiture sans clim, puis, notre mer la Tyrrhénienne, enfin le village, Verbicaro et la petite maison des débuts…et allons y avec la pasta asciutta, ricotta, pecorino, vino del nonno …. Le retour, chargé, la boule au ventre, les yeux humides, pas un mot, impossible de dire au revoir à notre belle mer.
    Comme toi j’ai serré les dents, mes idoles s’appelaient Dino Zoff, Conti, Graziani, Sciera, Paolo Rossi, la squara azzura championne du monde en 1982 qui m’a valu d’ailleurs quelques ennuis de mes amis jaloux….
    Aujourd’hui j’ai 46 ans et chaque année au mois d’août, je retourne avec mon épouse (française de souche) et mon garçon (9ans), le chemin est le même, les voitures sont climatisées, la petite maison est devenue plus grande, les nonni sont tous partis, nous nous retrouvons tous, venus de notre Lorraine Papa, Maman, mes frères et les belles-sœurs et les enfants….
    Merci, pour votre histoire si bien racontée. Elle m’a rappelé qu’avec l’âge l’amour de notre Italie est de plus en plus fort et je viens de le comprendre.
    Grazie Mile….
    Domani è Domenica : Pasta Asciutta con pomodori freschi, olio di olive e pecorino di casa

  39. celine

    Que je suis heureuse de te lire. Parce qu’ils étaient de Milan. Parce qu’il nous reste de l’Italie ce trop-plein de fierté sur lequel on se heurte souvent. Parce que sa recette inimitable de la sauce tomate. Parce que le panettone qu’il me ramenait. Parce que nos traits encore marqués, qui viennent un peu d’ailleurs.

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